Le 7 avril 2013 reste la date qui aura durablement bloqué tout processus de création d’une entité politique en Alsace. Le référendum voulu et porté par Philippe Richert, alors président du conseil régional d’Alsace, s’avère un échec. Malgré une majorité de « oui » à la fusion des deux départements et de la région, le nombre de votants était trop faible, le projet est enterré.
Levée de bouclier
Depuis, l’intégration de l’Alsace dans une région Grand Est a quasiment fait l’unanimité contre elle, accélérant les velléités de faire renaître une Alsace politiquement unifiée. En tête, les projets de Brigitte Klinkert et de Fréderic Biery, respectivement présidents LR du conseil départemental du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, de fusionner les deux entités pour en faire une collectivité unique. Elle serait dès lors dotée de compétences supplémentaires, notamment en matière de développement économique.
Les deux chevau-légers de la politique régionale ont multiplié les rencontres avec l’entourage du chef de l’Etat et celui du Premier ministre. Leur vivacité a fait de l’ombre à des parlementaires de leur propre camp, qui ont écrit à l’Elysée pour demander, plus ou moins, la même chose que les présidents des départements.
Une machine « anti-métropoles »
Chaque initiative laisse sur la touche les députés et les sénateurs du cru – à commencer par ceux de la majorité présidentielles – et surtout, donne l’impression de monter une machine « anti métropoles » alsaciennes. Déjà mises de côté dans le référendum de Philippe Richert, les agglomérations mulhousienne et strasbourgeoise semblent à nouveau marginalisées dans des projets ressemblant à une nouvelle lutte de l’Alsace des champs contre celle des villes.
Robert Herrmann, président de l’Eurométropole, ne manque pas une occasion de rappeler le rôle de locomotive du pôle métropolitain constitué autour de Strasbourg et Mulhouse, élargi aux agglomérations de Saint-Louis, Colmar et Haguenau (les cinq principales zones urbaines d’Alsace).
De nombreuses questions en suspens
Les dissensions autour d’une éventuelle fusion des départements sont loin d’être estompées. Quelles compétences supplémentaires pourraient être acquises à la collectivité unique ? Quelle serait la place de l’Eurométropole, dont le bassin de vie représente les trois quarts de la population du Bas-Rhin ? Sans compter la fatidique question du siège de la future entité : dans le référendum de 2013, Colmar se taillait la part du lion, non sans de sérieuses réticences mulhousiennes et strasbourgeoises.
Le projet avait alors, un chef de file, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Le leader politique capable de fusionner les énergies en faveur d’une collectivité alsacienne unique n’a pas (encore ?) émergé.
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