C’est dans un contexte tendu qu’Olivier Klein a été nommé le 14 novembre dernier président de l’Anru, en remplacement de l’ancien maire de Sarcelles François Pupponi. Impatience croissante des élus face à la lenteur de la mise en place du nouveau programme de renouvellement urbain, inquiétudes fortes sur le financement de ce plan…
Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé le doublement du budget de l’ANRU qui passerait de cinq à 10 milliards, sans que l’Etat ne verse un sou supplémentaire (Action logement et les bailleurs sociaux devraient respectivement verser 2 milliards supplémentaires sur la durée du NPNRU), le Président a fort à faire pour rassurer l’écosystème du logement social.
Depuis janvier, Olivier Klein, par ailleurs maire de Clichy-sous-Bois, et ancien vice-président du Conseil national des villes, a rencontré les élus locaux, les financeurs Action logement et l’Union sociale pour l’habitat, représentant des bailleurs sociaux en compagnie de Nicolas Grivel, le directeur général de l’ANRU.
« Les élus locaux expriment une impatience, car ils savent ce que les programmes de rénovation urbaine peuvent apporter, ils veulent que ça avance plus vite », résume Olivier Klein.
Actuellement, la quasi-totalité des 116 protocoles de préfiguration pour les 200 quartiers d’intérêt nationaux a été signée, mais seules trois conventions de renouvellement l’ont été pour des projets nationaux ( Rennes, Pau et Poitiers), et deux conventions pour des projets régionaux (Chalons-en-Champagne et Vierzon). Pour 2018, Nicolas Grivel promet « des dizaines de signatures », la totalité des conventions devant être signées d’ici 2019.
Une simplification attendue
Cette accélération devrait notamment être permise grâce au travail de simplification qu’ont lancé Olivier Klein et Nicolas Grivel, et qui devrait être validé en conseil d’administration de l’ANRU au mois de mars. Voilà qui devrait ravir élus locaux et chargés de missions rénovation urbaine, qui se plaignent de la complexité des nouvelles procédures.
« Nous travaillons sur le niveau d’exigence attendu entre le protocole de préfiguration, et le passage en comité d’engagement, par exemple certaines études pourraient être menées après celui-ci », détaille Olivier Klein. Pour des projets d’ampleur, un phasage en deux temps pourrait aussi être prévu, pour ne pas bloquer leur lancement. Des démarrages anticipés d’opération pourraient aussi être facilités.
L’Agence travaille également sur la question des démolitions, compliquées à financer par les bailleurs sociaux. Dans le contexte de baisse des APL, l’Agence pourrait mieux financer ces opérations, notamment pour les bailleurs dans des situations tendues. Nicolas Grivel a par ailleurs promis une prise en compte des spécificités des territoires, notamment pour les villes moyennes connaissant des phénomènes de déclin démographique, de dévitalisation de leur centre-ville.
Financement assuré
Quant aux questions de financement, et aux conséquences que pourrait avoir sur le NPNRU la réforme des APL, qui fait supporter aux bailleurs sociaux, via une baisse des loyers la baisse des aides versées aux locataires, Nicolas Grivel se veut rassurant.
« Les bailleurs savent que s’engager dans les projets de renouvellement urbain est une bonne chose pour l’évolution de leur patrimoine, ils y ont intérêt. Nous allons regarder comment améliorer les subventions pour les démolitions dans les programmes qui pourraient être en difficulté. »
Les discussions sont actuellement en cours avec l’Union sociale pour l’habitat, mais pour le président la participation des bailleurs sociaux, à hauteur de 2 milliards sur la durée du programme ( jusqu’en 2030), semble actée. Reste à voir dans les mois qui viennent, comment, territoires par territoires, les bailleurs maintiendront ou pas leurs projets…
Cet article fait partie du Dossier
Renouvellement urbain : enfin du concret ?
Sommaire du dossier
- «Je plaide pour des moyens complémentaires pour l’Anru pour l’après-Covid»
- Le dossier copropriétés dégradées au menu du NPNRU
- Accélération tout en souplesse pour le NPNRU 2
- Un coup d’accélérateur pour l’ANRU
- Une année 2018 sous le signe de l’accélération pour le NPNRU
- Retard à l’allumage pour le nouveau programme de renouvellement urbain
- Renouvellement urbain : les objectifs démultipliés des nouvelles conventions
- Renouvellement urbain : le financement au cœur des préoccupations des acteurs
- Anru : un règlement inadapté aux villes petites et moyennes
- Renouvellement urbain : « Sortir de cette situation de relégation des populations les plus pauvres »
- L’ANRU précise sa stratégie de co-investissement avec les acteurs privés
- Associer les habitants et lutter contre les ghettos, priorités du nouveau PNRU
- L’excellence numérique à la rescousse d’un quartier fragile
- Rénovation urbaine et mixité sociale : quel bilan 10 ans après le lancement du PNRU ?
- Expérience locale – Valenciennes métropole : A projet atypique, pilotage atypique
- Expérience locale – A Garges-lès-Gonesse, le quartier de La Muette entame une nouvelle vie
Thèmes abordés