« Si on n’existe pas sur le numérique, on n’existe plus du tout », assène Catherine Bernard, directrice adjointe des archives municipales de Toulouse (466 300 hab.). Elle ne sera pas contredite par Martine Cardin, professeure titulaire en archivistique à l’université Laval de Québec (Canada), selon laquelle qui il est urgent de « penser des plateformes pour mettre en forme les archives et rendre l’archivistique ouverte et vivante ».
Alors, l’archiviste toulousaine n’a pas ménagé ses efforts quand son directeur lui a passé commande d’« un écosystème de moyens numériques » visant à communiquer avec les usagers et « sortir les archives des archives ». Afin de relever le pari d’une existence en ligne, Catherine Bernard a « élaboré une stratégie numérique à long terme, rédigé des contenus et fédéré une équipe ». Elle rit en se souvenant « d’avoir un peu forcé la main aux contributeurs dans le but d’écrire la newsletter mensuelle ».
La stratégie numérique toulousaine s’est construite sur un « ancrage dans le présent, pour apporter aux usagers des clés de compréhension et les projeter dans l’avenir », mais le site est un « socle pour construire des contenus d’informations et de connaissances, et valoriser les fonds sur deux axes prioritaires : l’évolution urbaine de Toulouse et les images », précise-t-elle.
Ces thèmes « attractifs » n’ont pas été choisis par hasard : il s’agit d’amener le grand public à surfer sur le site des archives afin qu’il utilise ensuite « les bases de données documentaires, les réseaux sociaux et le site UrbanHist (1) de connaissance de la ville ».
Expertise bénévole
Chargée de la communication et de la valorisation aux archives municipales et communautaires d’Orléans métropole (22 communes, 281 900 hab.), Christelle Bruant, archiviste responsable des fonds modernes, iconographiques et privés, administre aussi le site internet de l’agglo et le compte Twitter.
« Les archivistes ne sont plus condamnés à ne rencontrer que des initiés, et à ne croiser le grand public qu’au moment des Journées européennes du patrimoine », se réjouit-elle. Elle cite l’espace de commémoration de la guerre de 1914-1918 en ligne, « impossible à réaliser physiquement faute de lieu suffisamment grand pour accueillir le public ».
Elle reconnaît que cette intrusion numérique l’a conduite à « revoir sa réflexion sur la façon de transmettre ». Et de recevoir également.
Opérationnelles en ligne depuis 2011, les archives, principalement l’état civil, les cartes postales et les plans – soit « 1 % des fonds seulement », regrette-t-elle – bénéficient de l’expertise bénévole des usagers du site après accès validé.
Ce pari de l’annotation collaborative, testée avec les généalogistes, bénéficie tant aux usagers dans leurs recherches qu’à la collectivité pour qui c’est « un révélateur de pépites qui valorise ses sources ».
« Notre mission ultime est de mettre à disposition les documents archivés, sous toutes les formes, afin que les usagers s’en emparent », confirme Hugues Courant, responsable de la valorisation aux archives de la ville et de la métropole de Brest (8 communes, 208 500 hab.).
Le site d’un service des archives doit ainsi passer d’une simple
[70% reste à lire]
Article réservé aux abonnés
Gazette des Communes
Cet article fait partie du Dossier
Archives publiques : les enjeux de la révolution numérique
Sommaire du dossier
- Archives et numérique : encore un long chemin à parcourir pour les collectivités
- Le numérique dépoussière les archives
- Archivage numérique : un rapport pointe l’urgence de réformes
- Recensement des archives numériques : un travail de fourmi
- « Le numérique est une opportunité pour réaffirmer le rôle des archivistes »
- État civil : coup d’accélérateur sur la transmission électronique