C’est un sujet sur lequel les bibliothécaires ont des convictions très fermes, qu’ils n’hésitent pas à proclamer haut et fort quand l’occasion se présente : l’accès doit être libre et égal pour tous au livre et à la connaissance, et l’accueil de tout citoyen dans les équipements de lecture publique doit se faire sans la moindre discrimination.
30 euros par an pour les non-résidents
Rien d’étonnant donc à ce que l’Association des bibliothécaires de France réclame purement et simplement l’annulation de la décision prise par le conseil municipal de la Trinité (Alpes-Maritimes, 10 170 habitants), commune proche de Nice.
Depuis le 1er janvier, à la suite d’une délibération du conseil municipal votée en décembre 2017, la médiathèque réserve l’accès gratuit à ses locaux aux seuls usagers résidant dans la commune. Pour les autres, il faudra payer un droit d’entrée de 30 euros par an pour pouvoir en pousser la porte.
Une option que le maire justifie par le coût d’entretien et de mise à jour du matériel informatique, que, jusqu’à présent, tout un chacun, où qu’il habite, pouvait utiliser librement.
CC0 via Pixabay
2 textes de référence sur les bibliothèques
Pour l’ABF, ce discours ne tient pas :
Aucune bibliothèque française de lecture publique ne pratique cette limitation, car l’accès aux livres, à la connaissance, à la culture et aux loisirs ne souffre d’aucune restriction. Seul l’emprunt à domicile peut faire l’objet d’une inscription forfaitaire annuelle même si l’ABF défend la gratuité.
Et l’association de s’appuyer sur deux des textes de référence de la profession, sur lesquels reposent les principes de libre accès aux savoirs et de gratuité :
- d’abord, « le manifeste de l’UNESCO sur les bibliothèques, [qui] indique clairement que “les services que [la bibliothèque] assure sont accessibles à tous, sans distinction d’âge, de race, de sexe, de religion, de nationalité, de langue ou de condition sociale“ » ;
- ensuite, « l’article 6 de la Charte des bibliothèques, [qui] précise que la consultation sur place des catalogues et des collections doit être gratuite pour l’usager. »
Pour l’ABF, la décision de La Trinité « n’est pas acceptable car elle introduit une distinction territoriale dans l’accès aux bibliothèques. »
Recours juridiques
L’association professionnelle a donc décidé d’interpeller le ministère de la Culture, ainsi que la Drac de Provence Alpes Côte d’Azur pour une intervention auprès des élus.
Et au cas où le dialogue restait vain, l’ABF demande au ministère « d’examiner tous les recours juridiques permettant d’annuler cette délibération qui relève selon [elle] de la discrimination territoriale au sens de la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 .» Il s ‘agit du texte portant diverses dispositions d’adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations.
Références
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