Faire fi des frontières et des clivages politiques. La petite Courcouronnes (15 000 hab) et la grande Évry (54 000 hab) ont décidé d’engager les préparatifs de leur mariage. D’ici octobre, les populations pourront s’exprimer, mais forts du travail mené depuis plusieurs années et de la vision qu’ils disent partager sur les politiques locales.
Les maires Stéphane Beaudet (DVD, ex LR) et Francis Chouat (DVG, ex PS, ex PC) sont certains d’être dans la bonne direction. Aux deux conseils municipaux de le leur confirmer entre juin et septembre.
Les deux villes, plus fortes ensemble
“A-t-on encore besoin de 36 000 structures administratives en France ?”, s’interroge celui Stéphane Beaudet, le maire de Courcouronnes depuis 2001 et qui a vu les dotations de l’État fondre “de 65 % en 7 ans.” Au moment même où son homologue d’Evry, Francis Chouat, constate que “dans toute l’Ile de France, l’organisation territoriale se fait à travers les intercommunalités. On est plus fort quand on est ensemble. La commune nouvelle est peut-être la pièce complémentaire.”
D’autant que Stéphane Beaudet estime que les élus doivent prendre l’initiative de fusionner “avant que le gouvernement ne l’impose, comme avec les agglomérations.”
Une expérience déjà tentée
“Évry a grandi depuis 50 ans avec Courcouronnes”, affirme Francis Chouat. Les localités se partagent une ZAC et depuis 10 ans, ont développé des politiques communes et se partagent contrat intercommunal de santé, équipements sportifs et culturels, centre de supervision urbaine… Elles ont aussi mutualisé leurs bailleurs sociaux.
Tenter la fusion, chacune des deux communes l’a fait de son côté, il y a quelques années. Les projets avaient capoté sur l’autel de la politique politicienne ou pour cause de dossier mal ficelé. Mais cette fois-ci, les deux maires ne craignent pas ces écueils, rassurés par les diagnostics des politiques publiques et des situations financières, établis depuis un an.
Mutualiser, Courcouronnes le fait déjà avec des communes environnantes comme Lisses, Bondoufle ou Villabé, “mais ce n’est plus suffisant face à la concurrence ou pour peser dans le Grand Paris”, affirme Stéphane Beaudet.
Dépasser les vieux clivages politiques
Le besoin d’économies est en toile de fond, mais plus encore que la nécessité de maintenir des services, qu’exprime le maire de Courcouronnes, son homologue d’ Évry juge surtout nécessaire “d’être puissants, avec des intercommunalités fortes ayant à l’intérieur des communes fortes.”
Stéphane Beaudet ne le contredit pas, ayant bien observé que la représentativité de sa commune est passée de 11 élus sur 55 à 3 sur 76 quand son EPCI a rejoint l’agglomération Grand Paris Sud.
Qui plus est, les deux élus -qui ont récemment quitté leur parti respectif- sont fiers de “dépasser les clivages anciens”, sourit le maire d’Evry, soutenu par “un spectateur attentif et plutôt enthousiaste” qu’est Manuel Valls.
Francis Chouat voit les habitants d’Evry manifester “de l’intérêt et de la la curiosité” et ceux de Courcouronnes ne semblent “pas plus inquiets que ça de l’image d’Évry”, comme il le craignait. À ceux qui redoutent une augmentation d’impôts, il rétorque que les habitants de Courcouronnes vont, au contraire, voir leur taxe foncière baisser, au nom de la convergence.
Qui pour diriger la commune nouvelle ?
Les discussions seront toutefois peut-être plus âpres sur la constitution de l’équipe qui administrera la commune nouvelle en 2020. Évry vote à gauche et Courcouronnes aussi dès lors qu’il ne s’agit pas d’échéances municipales (Stéphane Beaudet a été réélu avec près de 81 % en 2014). En rédigeant la gouvernance, les deux maires lanceront la campagne dès 2019.
Stéphane Beaudet avait déclaré ne pas se représenter en 2020 mais il dit désormais vouloir “assumer ce choix devant les habitants.” Sur l’identité du futur maire, ils bottent en touche et Francis Chouat refuse “d’imaginer que nous n’arrivions pas à converger alors que nous aurons pris soin de se mettre d’accord sur un pacte de confiance politique. D’ici 2020, nous avons un leadership à construire.”
Quant au nom de la ville nouvelle, ce sera peut-être celui qui orne le fronton de la gare Evry-Courcouronnes. À moins qu’ayant cédé sur un autre terrain, la plus petite ne parvienne à mettre son nom devant la grande…
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