Le 20 janvier, la 2ème édition de la Nuit de la lecture s’annonce mouvementée et militante. Car l’Association des bibliothécaires de France (ABF) appelle ses adhérents, les DGS et directeurs des affaires culturelles des collectivités à manifester publiquement leur opposition à la taxation des lectures d’œuvres à haute voix.
Levée de boucliers chez les bibliothécaires
Ces représentations d’œuvres en public constituent une proposition culturelle largement répandue dans les bibliothèques publiques tout au long de l’année. Le 20 janvier, elles ponctueront aussi la Nuit de la lecture dans la plupart des équipements participant à cet événement.
Jusqu’à présent, les bibliothèques bénéficiaient d’une exonération de fait, les éditeurs ne réclamant pas de droits sur les lectures à haute voix.
Il y a deux ans, la Société civile des éditeurs de langue française (SCELF), mandatée par quelque 300 éditeurs, a commencé à envoyer des courriers aux mairies pour leur demander de s’acquitter des droits et de lui déclarer à l’avance la programmation de lectures publiques. Ce qui a mis le feu aux poudres dans le monde des bibliothécaires.
CC BY 4.0 Gweltaz Le Fil, conteur normand
Constat d’échec
Réunis à deux reprises au ministère de la Culture pour négocier un accord, les parties prenantes – bibliothécaires, éditeurs, mais aussi auteurs, n’ont pu que se séparer sur un constat d’échec. Faute d’accord la SCELF a suspendu l’envoie de courriers aux maires. Mais en publiant ses tarifs 2018 début janvier, la SCELF a irrité encore un peu plus ses interlocuteurs.
Le 12 janvier, lors de la présentation de la Nuit de la lecture, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, interpellée la veille par l’ABF, s’est rangée du côté des bibliothécaires et des auteurs. Car ces derniers repoussent aussi l’idée de taxer les lectures de leurs œuvres à haute voix : ils voient dans cette affaire le risque d’écorner, globalement, l’image du droit d’auteur.
Shéhérazade en colère
Symboliquement, l’ABF invite donc ses adhérents et les représentants des collectivités à lire à haute voix un texte concocté pour l’occasion par « Shéhérazade en colère », collectif constitué de bibliothécaires, médiateurs culturels et membres d’association œuvrant pour l’accès au livre. Shéhérazade porte aussi une pétition en ligne, qui, à ce jour, compte près de 27000 signatures.
Contre les prélèvements de la #SCELF sur les textes lus à voix haute en lecture publique, sans billetterie : https://t.co/bXcNNAkZlI
— Carole Benoit (@Carole_Benoix) 9 janvier 2018
Références
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