Quel regard portez-vous sur les politiques de renouvellement urbain, en termes de mixité sociale ?
Aujourd’hui, les acteurs de la rénovation urbaine ne sont plus dans le mythe de populations venues de l’extérieur pouvant apporter de la mixité sociale dans les quartiers. Les collectivités et les bailleurs cherchent plutôt à garder sur place les habitants certes modestes mais qui ont un salaire et une stabilité de l’emploi. L’Observatoire national des zones urbaines sensibles a d’ailleurs démontré comment la mobilité produit de la paupérisation par l’arrivée d’une population plus précaire, plus jeune et le départ de ménages aux revenus un peu plus élevés que la moyenne des habitants.
Les acteurs locaux ont donc mis en œuvre une stratégie de promotion résidentielle à l’intérieur des quartiers qui se concrétise par l’accès à des logements sociaux neufs ou rénovés, ou par la possibilité d’acheter des logements privés à des prix inférieurs à ceux du marché. Pour ces populations, leur choix dépend aussi de la sécurité, des écoles et du cadre de vie.
L’échelle intercommunale du NPNRU peut-elle permettre davantage de mixité sociale ?
Le nouveau programme constitue une avancée, dans la mesure où la mixité n’est plus posée seulement à l’échelle des quartiers « Anru ». Il s’agit désormais de raisonner sur l’ensemble des politiques de peuplement à l’échelle intercommunale. Et cela permet de traiter la diversité de l’offre d’habitat, mais surtout l’accès au parc social existant.
Dans la mise en œuvre de la solidarité des territoires, nous nous heurtons à la question du prix du logement social neuf, même d’insertion ; il reste trop cher pour ces populations. Car si les gens sont concentrés dans ces secteurs, c’est bien parce que l’accès au reste du parc est difficile, faute d’offre ou en raison de discrimination. C’est une avancée, mais structurellement cela ne change pas vraiment la ségrégation. Les politiques publiques devraient favoriser la réponse à la demande locale, diverse, et une plus grande égalité d’accès aux logements.
Alors comment changer les choses ?
Des chercheurs s’interrogent sur la manière de sortir de cette situation de relégation des populations les plus pauvres. Il faut penser autrement pour qu’il y ait réciprocité et échange mutuel entre des groupes sociaux différents. Les associations jouent un rôle important dans l’émergence d’expérimentations innovantes allant dans ce sens. C’est une autre conception de la mixité qui pose la question des bénéfices qu’en retirent les plus défavorisés.
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Renouvellement urbain : enfin du concret ?
Sommaire du dossier
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- Le dossier copropriétés dégradées au menu du NPNRU
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- Un coup d’accélérateur pour l’ANRU
- Une année 2018 sous le signe de l’accélération pour le NPNRU
- Retard à l’allumage pour le nouveau programme de renouvellement urbain
- Renouvellement urbain : les objectifs démultipliés des nouvelles conventions
- Renouvellement urbain : le financement au cœur des préoccupations des acteurs
- Anru : un règlement inadapté aux villes petites et moyennes
- Renouvellement urbain : « Sortir de cette situation de relégation des populations les plus pauvres »
- L’ANRU précise sa stratégie de co-investissement avec les acteurs privés
- Associer les habitants et lutter contre les ghettos, priorités du nouveau PNRU
- L’excellence numérique à la rescousse d’un quartier fragile
- Rénovation urbaine et mixité sociale : quel bilan 10 ans après le lancement du PNRU ?
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