En consacrant une partie de son rapport annuel aux agressions subies par les sapeurs-pompiers lors de leurs interventions, l’ONDRP livre une cartographie de ce phénomène, qui se révèle variable d’une région à l’autre. L’an dernier, il avait enregistré une hausse de 21% de ces agressions sur l’ensemble du territoire français. La tendance se confirme pour 2016, avec une nouvelle hausse de 17,6%. Néanmoins, les auteurs précisent que leur rapport est basé sur des chiffres non exhaustifs, en l’absence d’obligation formelle de déclarer les faits d’agressions. En outre, « la remontée des informations peut varier en fonction des SDIS » précisent-ils. Les faits de violence à l’égard des sapeurs-pompiers pourraient donc en réalité être bien plus nombreux que ceux dévoilés par ce rapport.
Ces chiffres livrent toutefois des tendances significatives – et donc, pour l’année 2016, celle d’une nette orientation à la hausse pour ces agressions. Voici les principaux chiffres à retenir dans un contexte de hausse des interventions (+2%) entre 2015 et 2016 :
- 2280 sapeurs-pompiers ont déclaré avoir été victimes d’agression lors d’une intervention en 2016. Soit 17,6% de plus qu’en 2015 (1939 déclarations d’agression pour cette année-là).
- 5 sapeurs-pompiers ont été agressés pour 10 000 interventions effectuées en 2016. Ce taux était en 2015 de 4,4 pour 10 000 interventions.
- Ces agressions ont entraîné 1613 journées d’arrêt de travail pour les sapeurs-pompiers en 2016 (ce qui représente en moyenne 0,7 journée d’arrêt par agression). Soit 36,1% de plus que l’année précédente (1185 journées d’arrêt de travail en 2015).
- 414 véhicules de sapeurs-pompiers ont été endommagés lors d’agressions au cours de leurs missions en 2016, pour un préjudice total estimé de 283 442 euros. Un montant en forte hausse : + 183,4% par rapport à l’année précédente (99 695 euros de préjudice en 2015, pour 284 véhicules détériorés).
- Plus de la moitié des agressions (1189 sur les 2280 recensées en 2016) touchent les sapeurs-pompiers professionnels (SPP). Formant 16,6% des effectifs de sapeurs-pompiers, les SPP, majoritaires dans les zones urbaines, constituent 52,1% des victimes d’agression. Les sapeurs-pompiers volontaires (SPV) en représentent 40,5% (avec 924 personnels agressés), et les sapeurs-pompiers militaires 7,3% (avec 167 personnels agressés).
- A noter, les effectifs des militaires ont été intégrés pour ce rapport au sein des régions dans lesquelles ils officient, soit la région Ile-de-France pour la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour le Bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM).
Carte des violences : des disparités entre régions
La région Nouvelle-Aquitaine est celle qui compte le plus d’agressions déclarées de sapeurs-pompiers en 2016 (406 agressions), suivie des régions Hauts-de-France (366 agressions) et Auvergne-Rhône-Alpes (301 agressions). Cette dernière est cependant la seule des trois à enregistrer une baisse de ce nombre par rapport à l’année précédente (- 29,3%). La Nouvelle-Aquitaine est également la région qui connaît la plus forte hausse d’agressions (406 en 2016 contre 132 en 2015, soit un bond de 207,6%). Cependant, cette augmentation peut être attribuée à une meilleure remontée des informations sur les faits de violences. La Corse est la seule région à n’avoir enregistré aucune déclaration d’agression de sapeurs-pompiers pour l’année 2016. Elle constitue donc l’une des régions les moins touchées, avec les départements d’outre-mer (21 agressions) et la Bretagne (25 agressions).
Moins des deux tiers des sapeurs-pompiers victimes d’agression ont déposé plainte en 2016 (1337 personnels agressés sur 2280, soit 58,6 %). Ce taux de plainte est en baisse par rapport à 2015 (il était alors de 65%). Aucune région n’enregistre en 2016 un taux de plainte de 100%. Si la région Ile-de-France se distingue par son taux de plainte élevé (90,4% des agressions ont été suivies d’un dépôt de plainte), la Nouvelle-Aquitaine présente le taux de plainte le plus faible (6,9%). Le rapport comptabilise les plaintes pour agression déposées en tant que « personne physique » (donc par les sapeurs-pompiers eux-mêmes), mais ne prend pas en compte celles déposées en tant que « personne morale » par les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) – soit 726 plaintes déposées par ces établissements en 2016.
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