L’affaire est entendue : le département n’incarne pas la France des premiers de cordée. Bien au contraire, il est la collectivité des bureaux d’aide sociale et des fins de mois difficile. Est-ce en raison, précisément, de son cœur de mission – le RSA ou l’allocation personnalisée d’autonomie -, qu’il subit les foudres des tenants du libéralisme le plus débridé ? De Pierre Gattaz à l’OCDE, il se trouve dans le viseur. Emmanuel Macron, lui-même, n’en fait pas grand cas. Conseiller élyséen en 2014, il apporte son concours à un plan de restructuration territoriale dans lequel « le département a vécu », selon le mot de son patron d’alors. Candidat à la magistrature suprême, Emmanuel Macron entend rayer de la carte un quart des départements, là même où ont été instituées des métropoles.
Dumping fiscal
Au lendemain de son sacre, il revoit ses ambitions à la baisse. Il n’empêche, son seul dessein institutionnel, dans le domaine territorial, porte un nom : métropole. Pour le Grand Paris, Emmanuel Macron ne semble guère faire mystère de ses intentions. Il s’agirait d’en finir avec les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne. La réunion de ces trois collectivités ferait de la métropole du Grand Paris le groupement urbain le plus puissant de l’espace national. Mais en quoi ce mastodonte assurerait-il mieux que les actuels conseils départementaux l’accompagnement des publics fragiles ? En quoi pourrait-il être à même de réduire les inégalités, criantes, au sein de la zone ? Le potentiel financier par habitant varie ici de un à cinq selon les communes, le tout sur fond de dumping fiscal…
L’heure de vérité
Emmanuel Macron livrera des premiers éléments de réponse lors d’une conférence des territoires sur le Grand Paris en décembre. Le chef de l’Etat ne devra pas oublier non plus le restant du territoire. Alors qu’une partie du pays se transforme en une immense friche industrielle, une autre bénéficie à plein de la mondialisation. Présentée comme la priorité des priorités par Emmanuel Macron en juillet, la lutte contre la fracture territoriale ne peut être sacrifiée aux oukases de Bercy.
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