Concilier « movida » et tranquillité des riverains. C’est aujourd’hui l’équilibre que doivent maintenir les mairies, confrontées à la soif des étudiants ou des jeunes cadres de profiter de soirées festives pendant que d’autres tentent de dormir. La problématique est ancienne et s’est renforcée avec l’interdiction de fumer dans les établissements. Elle s’est aussi complexifiée, notamment là où les municipalités refusent d’aborder le sujet à travers un autre prisme que celui de la répression. Si les métropoles ont pris cette question à bras-le-corps pour faire partie du cercle des villes européennes attractives et aux soirées branchées, toutes les communes sont concernées.
En 2014, le ministère des Affaires étrangères fraîchement chargé d’adapter le tourisme français aux attentes des visiteurs internationaux a lancé cinq pôles d’excellence thématique, dont un consacré au tourisme de nuit. Pas de doute pour le gouvernement d’alors: l’attractivité nocturne française doit se développer. Vingt-deux mesures sont alors proposées. Paris est prioritairement concernée, mais le dossier est national.
Atout France, l’agence de promotion du tourisme, est mandatée pour développer sa communication internationale autour des nuits françaises, mais aussi initier des actions avec les collectivités, comme la création de «lieux de fêtes dans toutes les grandes villes traversées par un fleuve ou en bordure de lac» ou la mise en place de «mesures structurelles»: «rallongement des horaires d’ouverture des lignes de métro, encouragement des navettes privées, politique innovante en matière d’éclairage public». L’organisme indique prévoir désormais «quasi systématiquement un volet nuit à toutes ses actions de promotion du tourisme urbain en France». En contradiction avec ces objectifs, le réseau Vivre la ville !, qui regroupe, au niveau européen, des associations de riverains excédés par le désordre nocturne, promeut un modèle vivable et durable pour la ville, basé sur «la reconnaissance du droit au sommeil».
La tranquillité d’abord
Ce droit au sommeil demeure encore le principal souci des communes. Nombre d’entre elles proposent des chartes de la vie nocturne, dont l’objectif est d’encadrer les pratiques des établissements de nuit, afin de limiter les gênes pour les riverains. A Caen (106 500 hab.), les professionnels signataires de la charte élaborée en 2010 s’engagent à respecter les horaires d’ouverture et l’environnement urbain, à prévenir les troubles à l’ordre public ou à lutter contre l’alcoolisme, la toxicomanie et le tabagisme. A Périgueux (30 100 hab., Dordogne), le texte incite au respect de la réglementation et de l’ordre public, et demande aux professionnels de proposer un numéro de téléphone aux voisins pour leur permettre de les appeler avant de solliciter les forces de l’ordre.
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Sommaire du dossier
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