On a peu parlé de la baisse des effectifs de la fonction publique depuis la rentrée, avant que les syndicats, unis pour la première fois depuis dix ans, n’en fassent l’un des thèmes de leurs manifestations du 10 octobre. Mais que sait-on réellement de cet objectif, annoncé par Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale ?
On sait qu’il vise 70 000 suppressions de postes dans la territoriale, pour un total de 120 000 sur le quinquennat. On sait, après la présentation du projet de loi de finances, que l’Etat supprimera 1 600 postes en 2018 au sein de ses opérateurs et des ministères. Ce chiffre est beaucoup affaire de présentation car, à y regarder de près, les effectifs globaux de l’Etat devraient progresser de 16 000 unités entre 2017 et 2018 en termes de plafond d’emplois. La « faute », notamment, à un plan de déprécarisation des contrats aidés du ministère de l’Education nationale (p. 109 du PLF 2018).
Faisabilité comptable
On sait enfin que, si le sujet n’est pas débattu publiquement, au Parlement ou avec les associations d’élus, il l’est techniquement, le gouvernement consultant des associations de territoriaux sur les modalités d’atteinte de l’objectif. Ces dernières, prenant acte de la « commande », valident d’ailleurs sa faisabilité comptable : avec 300 000 départs prévus dans la territoriale d’ici à 2022, le non-remplacement de 70 000 agents semble possible.
Tenir compte des efforts accomplis
Mais les associations déplorent, justement, de la part du gouvernement, une approche exclusivement budgétaire, quand le processus aurait besoin d’une réelle vision. Une vision qui tiendrait compte des efforts accomplis – comme le montre le baromètre HoRHizons 2017 sur les tendances de l’emploi territorial –, des particularités de chaque échelon et de chaque territoire. Qui tiendrait compte, aussi, de l’offre de services publics proposée par les élus, et voulue par les citoyens. En bref, une vision qui envisagerait les effectifs de la fonction publique comme un objectif politique, non comme une variable budgétaire. Pour l’heure, le programme Action publique 2022, qui peine à démarrer, est bien loin de répondre à ces enjeux.
Références