« Je ne serai pas le fossoyeur du Cerema », c’est sur ces mots que Gaël Perdriau, qui préside l’institution en tant que représentant de l’Association des maires de France, a quitté son conseil d’administration le 4 octobre. Le projet de loi de finances pour 2018 annonce en effet de nouvelles coupes budgétaires pour l’organisme, déjà sévèrement touché cette année.
Créé le 1er janvier 2014, et regroupant les huit centres d’études techniques de l’équipement (Cete), ainsi que le Certu, le Cetmef et le Setra, le Cerema réunit 2900 agents.
En juin 2015, il avait présenté son projet stratégique, qui visait notamment à accroitre sa part de fonds propres, notamment en travaillant davantage avec les collectivités locales. Fin 2015, Gaël Perdriau tirait déjà la sonnette d’alarme, avec une baisse de budget de 7,5 millions d’euros sur un budget de 214 millions pour 2016.
En 2017, la tendance était identique, et devrait se poursuivre en 2018, 2019 et 2020 : 5 millions de baisse sont encore annoncés pour 2018 , et 105 postes doivent être à minima supprimés entre 2018 et 2020, soit 17% de la masse salariale.
Mépris des pouvoirs publics
« J’ai pris diverses initiatives pour attirer l’attention du Gouvernement sur l’importance du Cerema, j’ai rencontré nos deux ministres de tutelle, Nicolas Hulot et Jacques Mézard. Au lendemain de la conférence nationale des territoires, durant laquelle le président Macron a réaffirmé l’importance et la nécessité d’une ingenierie forte pour les collectivités locales, j’ai été reçu par le cabinet de Nicolas Hulot qui m’a malgré tout annoncé la poursuite de la baisse de notre budget », résume Gaël Perdriau.
Le budget 2017 subit par ailleurs un coup de rabot supplémentaire de 1,7 millions.
« Nous savons faire des économies, je ne m’oppose pas au fait d’assumer notre part dans la baisse des budgets, mais on ne nous donne pas les moyens de réaliser les orientations stratégiques pourtant validées par le Gouvernement », ajoute le maire de Saint Etienne.
Celui-ci a même proposé que le Cerema intègre ou anime la future Agence de cohésion de territoires, annoncée par Emmanuel Macron le 17 juillet dernier, dont personne ne connaît encore les objectifs, le budget,… sans succès.
Le président a donc préféré tirer sa révérence, refusant d’assumer pour le Gouvernement une politique qu’il ne cautionne pas. Les nouvelles orientations du Cerema vers les collectivités locales commencent pourtant à porter leurs fruits : l’organisme a remporté plusieurs appels d’offres lancés par les collectivités locales, engagé plusieurs appels à projet ; il s’est fait davantage connaître du monde local. Peut-être pas encore assez.
On ne peut cependant que s’interroger sur cette stratégie d’économies, alors que les besoins d’ingénierie sont de plus en plus criants dans les territoires.
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