Les politiques publiques traditionnelles sont interrogées par la complexité des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Si les réformes portent des objectifs d’optimisation et de clarification des compétences des collectivités, la question du sens de l’action publique reste posée. Dans ce contexte, les politiques publiques sont à la croisée des chemins : d’un côté, leur légitimité et leur utilité sont reconnues, l’interventionnisme public étant même revendiqué dans certaines situations ; de l’autre, leur efficacité, leur cohérence et leur efficience sont questionnées.
Adapter les politiques aux ressources disponibles
Ces enjeux imposent de renforcer le pilotage des politiques publiques et d’inventer de nouveaux rapports entre les citoyens, les acteurs de la société civile et les institutions. Il s’agit, bien sûr, d’adapter les politiques aux ressources disponibles et de veiller à l’efficience du service public, mais aussi de développer des stratégies mieux ancrées dans les réalités, d’anticiper les changements par des approches prospectives, d’éclairer les décisions par des évaluations qui aident à réinterroger les objectifs et les modes d’intervention de l’action publique. Au fil des ans, les collectivités se sont dotées de ressources humaines et d’outils dédiés au pilotage : observation, prospective, analyse de gestion, évaluation, conseil en organisation, contrôle de gestion, audit… Cette diversité des approches pose des enjeux de complémentarité et d’articulation.
Pour sa part, l’évaluation des politiques publiques a vu sa légitimité renforcée par l’implication de l’Etat et par les expériences de nombreuses collectivités. Le Baromètre de l’évaluation 2016 réalisé par la Société française de l’évaluation (1) a ainsi recensé près de 1 800 évaluations depuis 2007, soit 200 évaluations par an en moyenne, dont la moitié a été réalisée par l’Etat et 38 % par les collectivités territoriales. L’évaluation apporte son propre concours au pilotage de l’action publique : connaissance des contextes et des enjeux, compréhension des politiques, appréciation des effets, éclairage de la décision sur des scénarios de politiques différents…
Réorganisations institutionnelles
Elle a aussi sa place dès le début de la conception des politiques publiques. Elle permet en effet de les interroger sur leur pertinence et leur cohérence, notamment vis-à-vis des politiques des autres collectivités au moment des réorganisations institutionnelles induites par l’acte III de la décentralisation et la nouvelle organisation territoriale de la République.
Elle doit cependant renforcer son utilité, notamment en dialoguant mieux avec les autres activités, métiers et outils d’aide à la décision à la disposition des collectivités (observatoires, prospective, contrôle de gestion, audit…) pour ainsi apporter sa singularité dans le pilotage et la conduite de l’action publique locale.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 La Société française d’évaluation organise, les 16 et 17 novembre 2017, les 13e Journées françaises de l’évaluation, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis Retour au texte