Aujourd’hui, le covoiturage de longue distance est une pratique bien installée en France. Et c’est BlaBlaCar qui règne en maître sur ce marché. Mais quid de la courte distance ? Initialement, c’est pourtant sur ce secteur que s’était lancé le leader du covoiturage. Mais faute de résultats, il a changé de braquet et parié sur la longue distance. Cette année, BlaBlaCar a décidé de réinvestir le sujet. Le 2 mai, il a annoncé le lancement de son nouveau service : BlaBlaLines. Pendant neuf mois, une équipe a travaillé pour faire émerger une offre de trajets quotidiens (domicile-travail) de 15 à 80 kilomètres.
Trois freins devaient être levés, estime Frédéric Mazzella, son dirigeant. Sur les courtes distances, les conducteurs ne veulent pas s’imposer un détour pour aller chercher un passager.
En outre, chacun veut pouvoir rentrer de son travail quand il l’entend, sans contrainte horaire. Enfin, puisque les trajets sont précis et ne souffrent pas les détours, la recherche du covoitureur idéal peut être longue. BlaBlaLines vise à contourner toutes ces contraintes. Des « lignes » de covoiturage sont créées. Le conducteur entre à l’avance son trajet et l’application identifie elle-même des points d’arrêts le long du parcours. Si un passager a signalé sa volonté de partir d’une zone à proximité et dans la même direction, elle « matche » les informations et notifie au conducteur et au passager qu’un covoiturage semble possible. Une première phase pilote a été lancée sur deux axes très fréquentés : Reims Châlons-en-Champagne et Toulouse Montauban, trajets qui voient passer respectivement 6 000 et 10 000 navetteurs par jour.
Territoires et entreprises à la manœuvre
Pour l’heure, il s’agit de « tester l’appétence » pour ce service. Les territoires sont alors des « alliés forts » en matière de communication, selon Frédéric Mazzella. Un déploiement de plus grande envergure est prévu fin 2017 début 2018. Le dirigeant espère rapidement « créer du volume » afin de « démontrer que le covoiturage quotidien, c’est possible ».
Car, jusqu’à présent, beaucoup ont échoué. Le revers le plus médiatisé a probablement été celui de Sharette. La start-up avait été sélectionnée par la RATP pour offrir à Paris une solution de court-voiturage aux usagers du RER A pendant la fermeture estivale de la ligne à l’été 2015. Sharette a vu affluer les passagers, sans pouvoir répondre à la demande faute de conducteurs. Quelques mois plus tard, elle cessait son activité Depuis, d’autres se sont lancés sur le créneau, avec des stratégies différentes. Avec succès pour certains. C’est le cas de WayzUp, qui s’appuie sur les entreprises pour inciter leurs salariés au court-voiturage. Pour atteindre une « masse critique » suffisante afin que chaque passager trouve un conducteur, WayzUp estime qu’il faut compter 300 utilisateurs sur un même site, le chiffre idéal étant plutôt de 500.
Les entreprises de la vallée de l’Arve (155 000 hab.), en Haute-Savoie, ont souscrit à cette vision. Situé au pied du mont Blanc, le territoire a subi l’hiver dernier un épisode de pollution intense. Pour lutter contre ce phénomène, les entreprises se sont rassemblées en mars au sein d’un groupement pour la responsabilité environnementale des entreprises et ont fait appel à WayzUp. Les salariés ont désormais accès à l’application pour covoiturer entre collègues. La start-up commence à se faire un nom et propose 75 000 trajets quotidiens. Début juillet, consécration, la RATP y a pris une participation de 1,4 million d’euros aux côtés du fonds Via ID.
[60% reste à lire]
Article réservé aux abonnés
Gazette des Communes, Club Techni.Cités
Cet article est en relation avec le dossier
Thèmes abordés