Gérald Bronner, sociologue, professeur de sociologie à l’Université Paris-Diderot, membre de l’académie des Technologie a été associé à la création de Pontourny. Il revient pour le Club prévention sécurité de la Gazette sur cette expérience unique en regrettant « l’hystérie des commentaires » entourant le centre.
Comment avez-vous été amené à intégrer l’équipe de chercheurs qui travaillaient à Pontourny ?
Je ne suis pas un spécialiste de l’islam, mais un spécialiste de la question des croyances en général, et en particulier de l’adhésion et de la désadhésion(1), et c’est à ce titre que j’ai été contacté par le CIPDR (comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation). J’ai accepté de participer au programme à une condition : le faire à titre bénévole, car je pense que cela relevait de l’intérêt général mais aussi afin de garder ma liberté de parole, si j’estimais que certaines choses ne fonctionnaient pas. Et hormis la question du recrutement des participants, j’étais en accord avec le travail qui a été mené.
L’Etat avait en effet décidé que les personnes venant au centre seraient des volontaires…
Au départ, nous devions travailler avec des jeunes de retour de Syrie dans une sorte de volontariat contraint, comme une alternative à la prison.
Puis il y a eu les terribles attentats de novembre à Paris, et là il est devenu impossible politiquement d’intégrer ces jeunes dans notre centre, par crainte sans doute que l’opinion publique ne soit pas d’accord avec cela. Il faut dire que le centre était confortable et ne ressemblait pas à une prison… Du coup, la donne a changé. Je ne me suis pas retiré du projet, même si nous étions tous sceptiques sur cette question du volontariat, mais c’était une décision politique au plus haut niveau.
Le centre de Pontourny a essuyé de vives critiques de la part des sénatrices Benbassa et Traoendlé et n’était pas très soutenu localement, avez-vous compris cela ?
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Prévention de la radicalisation : la parole des chercheurs
Sommaire du dossier
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