Entre 2013 et 2017, 100 000 places d’accueil collectifs devaient être ouvertes, pour pallier les carences. « Devaient », car l’opération est loin d’avoir rempli ses objectifs. La Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) a pourtant fait son possible pour attirer les collectivités avec des aides financières en forte augmentation.
Mais les collectivités se montrent de plus en plus frileuses pour investir dans les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE, qui accueillent collectivement des enfants de moins de 6 ans). Les crédits alloués n’ont ainsi pas été consommés…
Masse salariale
La principale raison invoquée par les collectivités pour justifier la délégation de l’accueil de la petite enfance est la maîtrise de la masse salariale. Mais peu se risquent à déléguer leurs crèches gérées en régie municipale, décision politiquement délicate.
Pourtant, déléguer ne signifie pas signer un chèque en blanc au délégataire. La collectivité doit au contraire être au clair sur le service qu’elle veut rendre à la population afin de l’imposer de manière très stricte à son délégataire.
Système à deux vitesses
Face aux secteurs public et associatif, le secteur privé lucratif est de loin le plus dynamique. Mais les places créées bénéficient surtout aux familles aisées. A elles seules, les microcrèches financées via la prestation d’accueil du jeune enfant ont créé presque autant de places en 2015 que les multi-accueils financés par la prestation de service unique.
Cependant, si la dynamique est forte, le privé lucratif reste encore largement minoritaire en nombre de places de crèches : en moyenne, il ne représente que 6% des places. Totalement absent dans de nombreux départements, il constitue plus de 15% de l’offre dans seulement 7 territoires (Ain, Nord, Yvelines, Territoires de Belfort, Hautes-Pyrénées, Haute-Corse, Hauts-de-Seine).
Nous avons décortiqué les données de la Cnaf datées de fin 2015 pour faire le point sur le nombre de places disponible par département, et leur répartition entre places publiques (gérées par des CCAS ou des conseils départementaux), associatives (privé non lucratif), privées à but lucratif et autres (gérées directement par les CAF, des mutuelles…). Au niveau national, la répartition est respectivement de 66%, 25%, 6% et 3%.
Répartition des places en crèche : le public toujours majoritaire
Cliquez sur la carte pour obtenir le détail de la répartition des places.
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Accueil du jeune enfant : des besoins difficilement comblés
Sommaire du dossier
- Crèches : financièrement, les collectivités ne se penchent pas sur les berceaux
- La délégation de service des crèches, une « super nanny » qui séduit
- « La petite enfance souffre d’une pratique encore immature de la gestion déléguée »
- Les microcrèches en mode Paje font le plein
- Face au manque de places, les crèches privées gagnent du terrain
- Des solutions pour maîtriser les coûts des crèches
- Financement des crèches : les maires posent leurs conditions
Thèmes abordés