Précurseur, Platon l’utilise pour désigner le fait de gouverner les hommes. Le terme est utilisé au Moyen-Âge sous cette acception, avant d’être délaissé en raison de sa connotation Ancien régime.
Réapparue avec le vocabulaire anglo-saxon du management des entreprises dans les années 1930, la gouvernance revient, trente ans plus tard, au dictionnaire des mouvements sociaux urbains participatifs et de l’autogestion. Puis, porté par l’idéologie de la modernisation de la gestion publique, le mot gagne le champ lexical courant des années 1990.
Encouragée au nom de la complexité du monde et du déficit démocratique, s’appuyant sur des experts, élites du savoir ou notables, la gouvernance, considère Robert Joumard, oblitère « les notions si peu gratifiantes pour le public de gouvernement ou d’autorité publique ». Son usage marque une « distinction avec le gouvernement en tant qu’institution » et « prom[eut] un nouveau mode de gestion des affaires publiques fondé sur la participation de la société civile à tous les niveaux ».
Pour John Pitseys, c’est « un terme alternatif, qui situe le pouvoir dans un lieu d’échange à l’intersection de la sphère économique, la sphère publique et la sphère associative ». Cette technique de gestion sociale actualise et généralise « toutes les formes de concertation et de débat public », et bouscule « la représentation et la délégation dans les systèmes parlementaires modernes » (Jean-Pierre Gaudin).
Avec Pierre Calame, « il n’est, au XXIe siècle, de gouvernance que mondiale ». Cette approche « se définit par des objectifs, des principes éthiques et des dispositifs concrets de travail » pour organiser dans le temps la mise en œuvre et la correction des politiques publiques. La gouvernance témoigne alors de « processus par lesquels, de loin en loin, la communauté se refonde elle-même ».