« Dans aucun pays occidental, l’influence des maires n’est aussi grande qu’en France du fait de leur nombre exceptionnellement élevé, du cumul des mandats et de l’interpénétration institutionnelle du local et du national » : l’analyse, signée du politologue Yves Mény, perdra une grande partie de sa pertinence après les législatives et les sénatoriales. Plus aucun chef d’exécutif local ne pourra alors siéger au Parlement. Un sacré défi pour les associations d’élus qui, à coups d’amendements, coproduisaient les textes. Voire tenaient la plume, comme l’Association des maires de France (AMF) lors de la réforme territoriale de 2010.
Pacte girondin…
Toute une génération fait ses adieux au Palais-Bourbon, de l’ancien président de l’AMF Jacques Pélissard (LR) à l’ex-président délégué de l’Assemblée des communautés de France Michel Piron (UDI). Les associations d’élus, pour conserver leur pouvoir d’influence, vont devoir se réinventer. Cogérées par les vieux partis, le PS et LR, elles devront trouver leur place dans un paysage chamboulé. Sauront-elles saisir la main que leur tend Emmanuel Macron dans le cadre de son « pacte girondin » ? Un contrat fondé sur la baisse de 10 milliards des dépenses de fonctionnement des collectivités en échange notamment de la fin de la hausse uniforme du point d’indice des agents publics locaux et de la remise en cause de la réforme des rythmes scolaires.
…ou imperium jacobin
Dirigée par François Baroin, le chef des Républicains dans la bataille des législatives, et André Laignel (PS), ouvertement hostile à la ligne « Macron », l’AMF ne sera sans doute pas encline à faire de cadeau au pouvoir. D’autant plus qu’elle ne veut surtout pas se faire doubler dans sa défense des libertés communales par la très remuante Association des maires ruraux de France. Mais Emmanuel Macron aura une carte maîtresse dans sa manche. Si la négociation échoue, il imposera ses vues par la loi. Le « pacte girondin », alors, se transformera en imperium jacobin. Mais ce sera un constat d’échec, tant pour des associations d’élus, qui aspirent depuis toujours à « une relation adulte » avec le pouvoir central, que pour Emmanuel Macron, désireux d’en finir avec les pratiques anciennes.
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