Coup de maître pour un coup d’essai. Inconnu des Français il y a encore trois ans, Emmanuel Macron a été élu Président de la République avec près de deux tiers des suffrages. En difficulté lors du débat de l’entre-deux tours, sa rivale d’extrême droite, Marine Le Pen recueille 33,9% des voix. L’équivalent tout de même de 11 millions de suffrages.
Un record d’abstention et de vote blanc
Le candidat d’En Marche!, ex-ministre de l’Economie du Gouvernement Valls, devient le plus jeune Président de la Vème République : 39 ans.
Le scrutin a été marqué par une forte abstention, la plus élevée pour un second tour d’une élection présidentielle depuis 1969, avec près de 25 %. Les votes blancs et nuls ont aussi atteint la proportion record de 11,5 %. Un Français sur trois n’a pas été voté ou a voté blanc.
Retrouvez notre dossier Présidentielle 2017 : les enjeux clefs pour les collectivités territoriales
Un Président, loin des territoires ?
Le sacre d’Emmanuel Macron n’en demeure pas moins aussi incontestable qu’improbable. Le nouveau chef de l’Etat est un martien dans le paysage de la politique française. Il n’a pas emprunté le cursus honorum de ses quatre prédécesseurs, qui passait par la présidence d’un conseil général. Contrairement à ses quatre devanciers, il n’a jamais été député-maire non plus.
En revanche, comme la plupart d’entre eux, il est énarque et haut fonctionnaire, à l’Inspection générale des finances (il a démissionné de la fonction publique en novembre 2016).
Interrogé sur sa relation aux territoires par la Gazette, à l’occasion du grand oral des candidats à la présidentielle organisé, le 8 mars par l’Assemblée des départements de France, Emmanuel Macron faisait la réponse suivante : « On peut avoir un lien avec les territoires, sans être élu. C’est le cas de plusieurs millions de nos concitoyens ! Je suis un enfant de la province. Je ne suis pas né à Paris, ni dans la haute fonction publique, ni dans la banque d’affaires comme certains se plaisent à le croire. Je viens de la Somme et une partie de ma famille est basée dans les Hautes-Pyrénées. C’est là que j’ai construit mon rapport au pays. Paris n’était alors qu’un rêve bien lointain. Cette France qui a l’angoisse d’être décrochée, je la connais. »
Emmanuel Macron ne devrait pas toucher à la réforme territoriale
Emmanuel Macron ne s’est d’ailleurs pas désintéressé des questions locales dans son programme. Il a ainsi expliqué à plusieurs reprises qu’il ne souhaite pas engager une nouvelle réforme territoriale. Il propose toutefois « réduire de 25 % le nombre de départements d’ici à 2022, notamment sur les territoires où de grandes métropoles ont été créées », le conseil départemental « demeurant « le bon échelon » pour les villes de taille moyenne et les territoires ruraux.
Autre sujet d’importance pour lui, la taxe d’habitation. Emmanuel Macron veut en exonérer 80 % des ménages, jugeant cet impôt « injuste socialement et sur le plan territorial ». « L’État remboursera directement les collectivités locales, à l’euro près, de ces dégrèvements », a-t-il promis en précisant que « les maires conserveront les pleins pouvoirs en matière de fixation des taux ».
Cependant, l’État ne rembourserait qu’au taux actuel, une dépense pour l’État qu’Emmanuel Macron chiffre à 10 milliards d’euros. Les éventuelles augmentations de taux devront être prises en charge par les contribuables.
Un gouvernement peuplé d’élus locaux ?
Comme le relève Le Courrier des Maires, les prochains jours devraient aussi montrer si le futur gouvernement « compensera » ou non le non-cumul du mandat à l’Assemblée nationale par la nomination de grands élus locaux. Si tel était le cas, cumuleront-ils maroquin ministériel et implantation locale comme un certain Jean-Yves Le Drian, qui cumule à ce jour ministère de la Défense et présidence de la région Bretagne et dont certains parlent pour Matignon ? Fin du suspense le 15 mai, une journée après la passation de pouvoir avec François Hollande.
Retrouvez sur le site du Ministère de l’Intérieur les résultats commune par commune.
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Présidentielle 2017 : les enjeux-clés pour les collectivités territoriales
Sommaire du dossier
- Le Pen versus Macron : des visions parcellaires des politiques culturelles
- La fonction publique pilotée par les Comptes publics – Le casting du premier gouvernement Macron
- Collectivités : les sept travaux d’Emmanuel Macron
- Le sacre d’Emmanuel Macron
- Présidentielle 2017 : les enjeux-clés pour les collectivités territoriales
- L’avenir de la fonction publique territoriale après l’élection présidentielle
- Réforme territoriale : le clash Macron-Le Pen
- Hervé Le Bras : « La nouveauté de cette élection, ce sont les clivages politiques à l’intérieur des régions »
- Présidentielle : faut-il supprimer le Sénat ?
- Ce qu’attendent les acteurs locaux des candidats à la présidentielle
- Présidentielle : faut-il réduire la part du nucléaire et accélérer la transition énergétique ?
- Présidentielle, législatives : quel coût pour les communes ?
- Le réseau Rn2a demande aux candidats de s’engager pour des archives « citoyennes »
- La lutte contre la fracture territoriale, le passage obligé des candidats ?
- Présidentielle : faut-il instaurer un revenu universel ?
- Présidentielle : le logement social doit-il être réservé aux plus pauvres ?
- Présidentielle : doit-on abroger la réforme territoriale ?
- Présidentielle : faut-il faire jouer la «Clause Molière» ?
- Les bibliothécaires demandent un équipement accessible en 15 min
- Les banlieues : grandes oubliées de la présidentielle ?
- Les propositions institutionnelles de Jean-Luc Mélenchon : en route pour une VIè République
- Présidentielle : faut-il nationaliser l’accès au numérique ?
- Primaire à gauche : ce que l’on sait des programmes des candidats
- Transition énergétique : ce que prévoient les candidats sur le volet financier
- Vieillissement : les candidats ne proposent rien de vraiment jeune
- Primaire de la droite et du centre : les fonctionnaires aux enchères ?
- Présidentielle : doit-on aller vers une laïcité de combat ?
- Logement : les programmes des candidats ne « cassent pas des briques »
- Présidentielle : faut-il supprimer des postes de fonctionnaires ?
- Nicolas Dupont-Aignan : « La France est en train de crever »
- Déserts médicaux : ce que proposent les candidats à la présidentielle
- « Les fonctionnaires en faveur de François Fillon parient qu’il ne tiendra pas ses promesses »
- Le comparatif des programmes des candidats à la primaire de droite
- Présidentielle : ce que propose Benoît Hamon pour rénover la démocratie
- Emmanuel Macron prescrit une cure de rigueur aux collectivités territoriales
- Revenu universel, réforme du RSA… Que proposent les candidats en matière de minima sociaux ?
- Comment relancer les investissements : les candidats répondent à la FNTP
- Le credo jacobin de Marine Le Pen
- Les candidats pas assez ambitieux pour la lutte contre la pauvreté selon les associations
- Alain Juppé, le Girondin
- François Fillon : les paradoxes d’un notable jacobin
- Jean-François Copé : « Fusionnons les départements et les régions »
- Présidentielles : l’environnement, ça commence à se défaire ?
- François Fillon : « Il faut réduire les effectifs dans la fonction publique »
- Alain Juppé : « Le statut de la fonction publique a ses raisons d’être »
- Nicolas Sarkozy : « Les fonctionnaires devront travailler plus »
- Nathalie Kosciusko-Morizet : « Le statut du fonctionnaire n’a plus lieu d’être dans de nombreux domaines »
- Jean-Frédéric Poisson : « Mettons fin à la logique du déracinement en renforcant les départements »
- Bruno Le Maire : « Le statut de la fonction publique ne doit plus être la règle, mais l’exception »
- Jean-Luc Bennahmias : « l’accueil des migrants permettrait de repeupler les villages français »
- Pourquoi les élus à la culture demandent une reconfiguration de la Rue de Valois
- François de Rugy : « la décentralisation est le rendez-vous manqué de François Hollande »