Moins de dotations publiques, moins d’argent dans les caisses des collectivités… Pour dégager des marges de manœuvre, la gestion des achats publics, de l’avis général, peut être source de performance. Mais en pratique, comment les collectivités gèrent-elles les achats publics? Pour répondre à la question, une enquête (1), dont les résultats viennent d’être dévoilés, a été menée auprès d’une centaine d’intercommunalités par l’UGAP, l’ADCF, l’ADGCF et la chaire Optima (Université de Pau et des pays de l’Adour).
Premier constat, l’étude fait apparaître quelques bonnes pratiques dans un certain nombre de domaines, à commencer par les stratégies de mutualisation, présentes chez 63% des collectivités qui ont répondu. Elles sont aussi 86% à avoir déjà utilisé le groupement de commandes ou les services d’une centrale d’achat. Les outils de dématérialisation sont eux aussi très répandus, plate-formes virtuelles, logiciels, etc. De même, 66% des collectivités utilisent les catalogues en ligne, les enchères inversées, etc.
Des obstacles à surmonter
Mais globalement, le « dégré de maturité » des EPCI par rapport à l’achat public reste « assez faible », notent les auteurs de l’étude qui relèvent un certain nombre d’obstacles de taille. C’est le cas de la structuration des achats, peu développée, puisque 48% seulement des intercommunalités disent avoir une organisation dédiée. L’existence d’un réseau de référents achats au sein des directions métiers est encore plus faible (19%). Et les trois quarts des intercommunalités n’ont pas de politique d’achats responsables alors que la moitié d’entre elles la jugent indispensable.
48% seulement des intercommunalités disent avoir une organisation dédiée
Autre signe évident de ce manque de maturité, un niveau de relation insuffisant entre la direction achats, la direction générale et les élus, alors que le développement de bonnes pratiques, selon les auteurs de l’étude, exigerait une collaboration beaucoup plus étroite. En outre, 20% seulement des intercommunalités jugent que la direction achats contribue à la stratégie à long terme des collectivités, c’est à dire à trois ans ou plus.
Une politique RH à développer
A court terme, en revanche, elles sont 56% à considérer que la direction achat contribue aux objectifs annuels de la collectivité.
Pour autant, les relations avec les services prescripteurs et les fournisseurs laissent à désirer. En interne, 40% des intercommunalités ont mis en place des collaborations pour « fluidifier les process achat, anticiper les appels d’offres, collecter les besoins ». A l’externe, 32% seulement des intercommunalités désignent la fonction achat comme interlocuteur principal des fournisseurs.
Quant à la politique RH en matière d’achat, elle reste sous-développée (recrutement, formation, fiches de poste, etc.). De même, l’évaluation de la performance des achats est très peu pratiquée (13%), alors même qu’elle est jugée indispensable par plus de la moitié de ceux qui ont répondu.
L’évaluation de la performance des achats est très peu pratiquée, alors même qu’elle est jugée indispensable
Pour tenter de réduire ce décalage fréquemment observé entre souhait et réalité, les auteurs de l’étude proposent d’intensifier les échanges de bonnes pratiques. Cette collaboration pourrait selon eux aboutir à la mise au point d’une « grille d’analyse » qui permettrait à chaque collectivité de se situer par rapport aux autres et de travailler, en fonction des résultat obtenus, au renforcement de ses performances en matière d’achat.
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Acheteurs publics : prendre en main la nouvelle réglementation
Sommaire du dossier
- Commande publique : une mutation culturelle et économique pour acheter plus efficace
- Dématérialisation : les acteurs publics sous pression face à l’échéance
- Achat public : des règles assouplies pour une créativité accrue
- Le social, parent pauvre de la commande publique
- Achat public : une professionnalisation à petits pas
- Dématérialisation : il faut enclencher la vitesse supérieure
- L’insertion sociale : une conviction… des solutions
- Marchés publics et concessions : de nouvelles obligations pour les plateformes de dématérialisation
- L’égalité femmes-hommes à la traîne dans les contrats publics
- Témoignages : pour l’achat public, à chaque structure sa solution
- Comment réussir à rendre un marché social
- « Le nouvel enjeu de la commande publique : la dématérialisation »
- « Pour l’acheteur comme pour l’entreprise, la crainte du changement reste un frein »
- Achat public : les collectivités à la recherche de la bonne formule
- Les 5 mesures phares de la simplification des marchés publics
- Marchés publics et innovation : une équation impossible ?
- Portrait robot du nouvel acheteur public : regards croisés
- Modernisation de l’achat public : les intercos encore loin du compte !
- L’acheteur public, de bon gestionnaire à manager 2.0 ?
- « Laissons Molière à la littérature et au théâtre ! »
- Dématérialisation : une étape incontournable pour les acheteurs publics
- Plaidoyer pour un code des marchés publics idéal
- Marchés publics simplifiés (MPS) : Poitiers, la ville record !
- La commande publique sur tous les fronts…. pas si simple pour les acheteurs !
- Dématérialisation : la montée en compétence des acheteurs
- Simplification des marchés publics : de bonnes intentions à confirmer pour les associations
- CGPME, Capeb, FFB… : Oui au MPS, non au Dume
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Notes
Note 01 Enquête en ligne réalisée entre septembre et novembre 2016. 125 questionnaires dont 100 exploitables ont été collectés. Retour au texte