«Shrinking cities », ou « villes qui rétrécissent », le terme est apparu dans les années 70 aux Etats-Unis pour décrire certaines collectivités touchées par la crise post-pétrolière. Combinaison de démographie en baisse, d’indicateurs économiques en chute, de vacance résidentielle et commerciale, ce phénomène est aujourd’hui observé dans de nombreux pays : Allemagne, Pologne, Etats-Unis, Japon… Depuis une dizaine d’années, dans une moindre mesure, la France aussi est impactée. Ainsi, entre 2006 et 2011, près de 300 aires urbaines ont perdu des habitants sur les 771 que compte l’Hexagone. « Les petites et moyennes aires urbaines, celles qui concentrent moins de 10 000 emplois, ont, dans l’ensemble, une démographie peu dynamique… Seule la moitié d’entre elles gagne des habitants, contre 84 % des grandes aires urbaines. Dans les régions de Picardie, Champagne-Ardenne, Lorraine, Limousin, Auvergne, moins d’un quart de ces petites et moyennes aires gagnent de la population », peut-on lire dans une note de l’Insee de janvier 2014 (« Insee première », n° 1483). Les raisons sont bien identifiées : fermeture d’usines, développement des métropoles attirant des emplois et donc de la population, mais aussi, récemment, la révision générale des politiques publiques (RGPP) qui a entraîné un départ des services publics – casernes, hôpitaux, tribunaux – dans des territoires déjà fragilisés économiquement.
Effet domino
« Certains territoires ont été frappés par les coupes résultant de plusieurs cartes rénovées et, par un effet domino, le retrait des services publics a conduit à un affaiblissement de l’emploi privé », note le sénateur Dominique de Legge (LR) dans un rapport de 2011 intitulé « La RGPP : un défi pour les collectivités territoriales et les territoires ». Il indique, en outre, qu’un coefficient démultiplicateur de l’impact territorial se met en place dans les territoires les plus touchés par les réformes des cartes, notamment celle de la carte militaire qui a eu de lourdes répercussions. L’Etat a peu à peu pris conscience de l’importance du phénomène et mis en place des dispositifs dédiés aux villes moyennes et petites communes. Ces dernières réclament, au-delà des fonds, le retour de l’Etat avec une véritable vision d’aménagement… mais admettent rarement réfléchir à l’évolution de leur territoire en termes de décroissance. Arrêter de penser un développement exogène de la ville et optimiser les richesses existantes pour garder ses habitants pourrait être la clé.
Cet article fait partie du Dossier
Ces territoires en déclin qui ne se résignent pas
Sommaire du dossier
- Communication territoriale : la chasse aux Parisiens est ouverte !
- Action Coeur de ville : passer des études aux réalisations
- Les centre-villes commerçants les plus dynamiques mis en lumière
- La difficile reconnaissance du phénomène des villes en décroissance
- Les lauréats du plan Action Coeur de ville partagent leurs bonnes recettes
- Les villes moyennes se construisent un avenir
- Action coeur de ville : Les acteurs privés, attendus et dans l’attente
- Les ministres en campagne pour Action Cœur de ville
- Action coeur de ville : un vaste programme à 5 milliards d’euros sur cinq ans
- Le plan Action Cœur de ville met le turbo
- Action coeur de ville : « Le risque est que ce plan produise des projets gadgets »
- Les heureux bénéficiaires du plan « Cœur de ville » dévoilés
- L’extraordinaire histoire de la communauté de communes du val d’Alzette
- Territoires en déclin : un besoin de dispositifs spécifiques pour les villes qui « rétrécissent »
- Revitalisation des centres anciens, l’urgence d’une « cause nationale »
- Réforme de la carte militaire : il y a une vie après la caserne
- Quand le centre-ville redevient un lieu de commerce attractif
- « L’Etat cherche avant tout à créer de grandes métropoles de niveau européen ! »
- A Saulnières, les vestiges de la grande usine se fondent en un jardin paysager et des logements
- Centres-villes en déclin : la malédiction des villes moyennes
- Le développement des villes durables passe par les friches industrielles
- Territoires en déclin : l’art de la reconquête des friches industrielles et agricoles