Comment analysez-vous les résultats du scrutin de dimanche dernier ?
Le succès électoral du candidat d’En Marche (23,8%) est particulièrement fort en Bretagne, dans le Massif central et dans le grand Sud-Ouest. Il correspond à la moitié des votes récoltés par François Hollande au premier tour de la présidentielle en 2012, additionné au score de François Bayrou lors de la même élection. Par ailleurs, le vote en faveur d’Emmanuel Macron recouvre des régions qui acceptent et trouvent leur place dans la mondialisation, là où se concentrent les ménages les plus diplômés.
Le vote en faveur d’Emmanuel Macron recouvre des régions qui acceptent et trouvent leur place dans la mondialisation, là on se concentrent les ménages les plus diplômés.
Les résultats de Benoît Hamon (6,4%)et de Jean-Luc Mélenchon (19,6%) correspondent l’un et l’autre à la même cartographie électorale. En additionnant leurs deux scores, nous retrouvons la cartographie socialiste des résultats du second tour de 2012. Depuis le sondage « rolling » de l’IFOP début février, les scores des deux candidats se situent entre 25 et 27%. Très proches donc des résultats de dimanche avec 26%. Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon correspondent à un vote socialiste et non à un vote que certains qualifient de gauchiste.
Les résultats de François Fillon (19,9%) font, eux, réapparaître une ancienne droite gaulliste qui s’est mobilisée en sa faveur, dans les mêmes zones géographiques comme la Mayenne et l’Ouest parisien, que lors des élections de 1951. A cette époque, le parti de Charles de Gaulle, le Rassemblement du peuple français, faisait 21,76%. Il faut aussi souligner que, dans des régions où l’on votait beaucoup FN, une partie de l’électorat a été récupérée par la droite forte comme en Alsace et en Champagne. La stratégie de Nicolas Sarkozy de siphonner les voix frontistes a donc réussi en partie dans le Nord-Est.
Comment analysez-vous plus spécifiquement le vote frontiste ?
La cartographie du vote frontiste répond à une véritable coupure anthropologique. Dans les régions où la principale forme de sociabilité a longtemps été le voisinage très proche, la vie a été mise à rude épreuve par la mondialisation. C’est d’ailleurs dans le Grand Nord-Est qu’on retrouve le plus fort vote FN. Cette élection rappelle aussi la profonde évolution du vote FN ces dix dernières années. Jusqu’en 2007, le vote frontiste était plutôt ancré dans les villes. A partir de l’élection de Nicolas Sarkozy, il est devenu beaucoup plus rural et périurbain. C’est le contraire de l’exode rural. Il existe aujourd’hui un reflux du FN vers les campagnes les plus reculées.
Jusqu’en 2007, le vote frontiste était plutôt ancré dans les villes. A partir de l’élection de Nicolas Sarkozy, il est devenu beaucoup plus rural et périurbain. C’est le contraire de l’exode rural. Il existe aujourd’hui un reflux du FN vers les campagnes les plus reculées.
Il correspond d’ailleurs bien plus à un vote de malaise dans la modernité économique, sociale, territoriale qu’à un vote de colère.
Quelles nouveautés observez-vous dans ce premier tour de l’élection présidentielle ?
De façon très marquante lors du premier tour, l’offre des candidatures ne correspondait pas à l’électorat. Autrement dit, la division de l’offre politique est devenue très loin éloignée des demandes des citoyens.
C’est aussi la première fois que les différences de vote sont aussi marquées entre les villes et la ruralité ou le périurbain.
C’est aussi la première fois que les différences de vote sont aussi marquées entre les villes et la ruralité ou le périurbain. On observe aujourd’hui des régions très polarisées, entre la droite et la gauche. Auparavant, on retrouvait des résultats plus variés à l’intérieur d’un même espace régional à la place des fractures très fortes qu’on observe aujourd’hui.
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Présidentielle 2017 : les enjeux-clés pour les collectivités territoriales
Sommaire du dossier
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- Présidentielle : doit-on aller vers une laïcité de combat ?
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