Une fois n’est pas coutume, les principaux candidats affichent des propositions relativement proches en matière de société numérique. C’est d’ailleurs la première élection présidentielle dans laquelle les sujets numériques occupent une telle place dans les programmes. Et certains, à l’instar de Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Luc Mélenchon, se montrent même très pointus.
On relève ainsi un certain consensus s’agissant de l’aménagement numérique du territoire : tous veulent aller plus vite, plus fort, avec plus de débit fixe et mobile, partout sur le territoire. Mais qui pourrait proposer le contraire ? La manière d’y parvenir peut cependant différer. François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Marine Le Pen (qui développe peu) poursuivent, voire renforcent, l’actuel Plan France très haut-débit.
Logiciels libres et souveraineté numérique
Pour leur part, Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Luc Mélenchon se veulent plus volontaristes. Le candidat de Debout la France veut orienter les fonds prévus pour des « grands projets inutiles » (type TGV Lyon Turin) vers la couverture du territoire. Il veut aussi casser « les baronnies des grandes entreprises publiques », en faisant de l’Etat, pour un temps, l’actionnaire majoritaire d’Orange et en lançant une OPA amicale sur Nokia-Alcatel…
Jean-Luc Mélenchon, projette, lui, en sus de la couverture du territoire en très haut-débit sous cinq ans, le déploiement d’infrastructures publiques et de fournisseurs d’accès associatifs.
Il présente, comme Nicolas Dupont-Aignan, un programme très ambitieux de développement du logiciel libre, sous pilotage étatique. Pour Jean-Luc Mélenchon, « pour en finir avec la mainmise du secteur privé sur les logiciels », il faut généraliser « les logiciels libres pour l’ensemble des administrations et établissements publics » et soutenir les « initiatives libres, en dirigeant notamment la commande publique vers ces solutions ».
Nicolas Dupont-Aignan inscrit son initiative dans la reconquête d’une souveraineté numérique, en termes d’infrastructures, comme en termes de « système d’exploitation utilisé par l’Etat ».
L’affaire Snowden est passée par là, tant les candidats manifestent leur volonté de défendre une souveraineté numérique. Mais pour François Fillon, comme pour Emmanuel Macron, elle n’est pas nationale, elle est européenne.
Dématérialisation massive des services publics
Les candidats se glissaient déjà dans la continuité du quinquennat Hollande, sur les infrastructures, en prolongeant ou amplifiant le plan France Très Haut Débit. L’héritage est encore flagrant en matière de dématérialisation des services publics. Sans jamais le citer, François Fillon ou Emmanuel Macron reprennent à leur compte le projet France Connect, ou la notion « d’Etat plateforme » (citée, elle par Emmanuel Macron) développée par Henri Verdier, à la tête d’Etalab, puis de la Dinsic. Pour l’ancien ministre de l’Economie et du numérique, 100 % des démarches administratives devront être réalisables « par internet » d’ici à 2022. Quid des démarches sous responsabilité des collectivités territoriales ? Ce n’est pas précisé. Idem pour François Fillon.
Pour Jean-Luc Mélenchon, cette dématérialisation des services publics doit se faire « dans une démarche de design pour tou·te·s, tout en maintenant les services physiques de proximité ». Il est d’ailleurs le seul à formuler des propositions en matières d’accessibilité numérique et à insister autant sur l’inclusion numérique, et sur une nécessaire médiation numérique.
Nicolas Dupont-Aignan et François Fillon veulent poursuivre le développement de l’open data.
Gouvernance étatique
Pour ceux qui l’évoquent, la gouvernance du numérique part de l’Etat. Aucun n’envisage une décentralisation du sujet, à l’instar du livre blanc de la FNCCR présenté en novembre 2016, qui ambitionnait un rôle bien plus prépondérant des collectivités locales.
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