Le quinquennat qui se termine laisse un goût amer sur la question de la décentralisation énergétique. Comment donner un véritable coup d’accélérateur à la production d’énergies renouvelables dans les territoires, si l’on n’arrive pas à changer de paradigme énergétique en arrêtant la plus vieille centrale nucléaire française ?
Fermera ou fermera pas Fessenheim ?
Le dernier épisode de cette longue série est donc le report, par le conseil d’administration d’EDF, de la fermeture de Fessenheim, jusqu’à ce que la mise en service de la centrale de Flamanville permette d’assurer l’équilibre des rendements de l’entreprise. Le décret sur la fermeture de la centrale est bien paru, mais sans fermeture effective, il serait très facile de revenir sur la décision.
Le dossier se retrouvera donc sur le bureau du prochain président de la République. Un coup habile, de la part d’EDF et de ses administrateurs, car ils n’ont affiché d’opposition frontale et ont juste reporté la question sur le prochain gouvernement. En fonction du choix que feront les Français, cette décision emblématique concernant Fessenheim pourrait être revue : François Fillon et Marine Le Pen sont en effet opposés à cette fermeture, à l’inverse de Benoit Hamon ou Jean-Luc Mélenchon qui se sont engagés à l’arrêt du site. Plus pragmatique, Emmanuel Macron s’est inscrit dans les pas de Ségolène Royal et de la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV). Il attendrait le démarrage de l’EPR de Flamanville – déjà maintes fois reportée – pour fermer Fessenheim, en visant à l’application du principe de la LTECV de fixer un plafond pour la production d’énergie nucléaire de 63,2 GW.
Relancer le nucléaire…
Mais au-delà du cas emblématique de cette centrale, il s’agit de savoir si les candidats à l’élection présidentielle font le pari de miser à nouveau sur le parc nucléaire, en prolongeant sa durée de vie et en réalisant le fameux « grand carénage », ou s’ils souhaitent fermer progressivement ces centrales nucléaires, en misant en parallèle sur le développement des énergies renouvelables.
Là encore, on retrouve le duo François Fillon et Marine Le Pen qui souhaitent prolonger la durée de vie des centrales nucléaires, le candidat LR laissant même entendre qu’il pourrait revenir sur l’objectif de ramener à 50 % la part de nucléaire dans le mix énergétique à l’horizon 2025.
Fidèle à sa prudente logique, Emmanuel Macron propose d’attendre la publication de l’avis de l’Autorité de sureté nucléaire, prévu en 2018, pour trancher sur cette épineuse question. Quant à Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon, ils misent sur un arrêt au fil de l’eau de ces centrales nucléaires, en fonction de l’évolution de leur état, et pour le premier, sur l’arrêt des projets d’EPR à Flamanville mais aussi en Angleterre, à Hinkley Point. Une logique à laquelle il faut ajouter la renationalisation d’EDF et d’Engie.
…ou aller vers 100% d’ENR
Si l’on se place désormais de l’autre côté de cette balance de la transition énergétique, les postions sont moins clivantes. Tous les candidats souhaitent le développement des énergies renouvelables (ENR), mais ils misant sur différentes formes d’énergie. Marine Le Pen est la seule à demander un moratoire sur les éoliennes, accusées de tous les maux, en préférant parier sur le solaire, le biogaz et le bois. François Fillon souhaite que les ENR fassent la preuve de leur performance, et préfère que ces énergies soient autoconsommées plutôt que soutenues par des tarifs de rachat.
En toute logique avec leur vision sur le nucléaire, deux candidats, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, font le choix ambitieux d’une vraie transition énergétique, en reprenant l’objectif des scénarios negaWatt et de l’Ademe : atteindre 100% d’énergies renouvelables en 2050. Pour le premier, cela passe par un rôle de planification et de programmation de l’Etat. Pour le second, par la création d’une Europe de l’énergie et des investissements massifs, avec, en complément, la proposition la plus ambitieuse concernant la taxe carbone : doubler son prix à l’horizon 2030, pour atteindre non pas 100 mais 200 euros la tonne. Une mesure importante, qui devrait s’accompagner d’un fléchage de cette ressource financière vers les collectivités (régions et intercos) qui pourraient ainsi financer leurs actions en matière de planification, avec les PCAET et les SRADDET.
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Présidentielle 2017 : les enjeux-clés pour les collectivités territoriales
Sommaire du dossier
- Le Pen versus Macron : des visions parcellaires des politiques culturelles
- La fonction publique pilotée par les Comptes publics – Le casting du premier gouvernement Macron
- Collectivités : les sept travaux d’Emmanuel Macron
- Le sacre d’Emmanuel Macron
- Présidentielle 2017 : les enjeux-clés pour les collectivités territoriales
- L’avenir de la fonction publique territoriale après l’élection présidentielle
- Réforme territoriale : le clash Macron-Le Pen
- Hervé Le Bras : « La nouveauté de cette élection, ce sont les clivages politiques à l’intérieur des régions »
- Présidentielle : faut-il supprimer le Sénat ?
- Ce qu’attendent les acteurs locaux des candidats à la présidentielle
- Présidentielle : faut-il réduire la part du nucléaire et accélérer la transition énergétique ?
- Présidentielle, législatives : quel coût pour les communes ?
- Le réseau Rn2a demande aux candidats de s’engager pour des archives « citoyennes »
- La lutte contre la fracture territoriale, le passage obligé des candidats ?
- Présidentielle : faut-il instaurer un revenu universel ?
- Présidentielle : le logement social doit-il être réservé aux plus pauvres ?
- Présidentielle : doit-on abroger la réforme territoriale ?
- Présidentielle : faut-il faire jouer la «Clause Molière» ?
- Les bibliothécaires demandent un équipement accessible en 15 min
- Les banlieues : grandes oubliées de la présidentielle ?
- Les propositions institutionnelles de Jean-Luc Mélenchon : en route pour une VIè République
- Présidentielle : faut-il nationaliser l’accès au numérique ?
- Primaire à gauche : ce que l’on sait des programmes des candidats
- Transition énergétique : ce que prévoient les candidats sur le volet financier
- Vieillissement : les candidats ne proposent rien de vraiment jeune
- Primaire de la droite et du centre : les fonctionnaires aux enchères ?
- Présidentielle : doit-on aller vers une laïcité de combat ?
- Logement : les programmes des candidats ne « cassent pas des briques »
- Présidentielle : faut-il supprimer des postes de fonctionnaires ?
- Nicolas Dupont-Aignan : « La France est en train de crever »
- Déserts médicaux : ce que proposent les candidats à la présidentielle
- « Les fonctionnaires en faveur de François Fillon parient qu’il ne tiendra pas ses promesses »
- Le comparatif des programmes des candidats à la primaire de droite
- Présidentielle : ce que propose Benoît Hamon pour rénover la démocratie
- Emmanuel Macron prescrit une cure de rigueur aux collectivités territoriales
- Revenu universel, réforme du RSA… Que proposent les candidats en matière de minima sociaux ?
- Comment relancer les investissements : les candidats répondent à la FNTP
- Le credo jacobin de Marine Le Pen
- Les candidats pas assez ambitieux pour la lutte contre la pauvreté selon les associations
- Alain Juppé, le Girondin
- François Fillon : les paradoxes d’un notable jacobin
- Jean-François Copé : « Fusionnons les départements et les régions »
- Présidentielles : l’environnement, ça commence à se défaire ?
- François Fillon : « Il faut réduire les effectifs dans la fonction publique »
- Alain Juppé : « Le statut de la fonction publique a ses raisons d’être »
- Nicolas Sarkozy : « Les fonctionnaires devront travailler plus »
- Nathalie Kosciusko-Morizet : « Le statut du fonctionnaire n’a plus lieu d’être dans de nombreux domaines »
- Jean-Frédéric Poisson : « Mettons fin à la logique du déracinement en renforcant les départements »
- Bruno Le Maire : « Le statut de la fonction publique ne doit plus être la règle, mais l’exception »
- Jean-Luc Bennahmias : « l’accueil des migrants permettrait de repeupler les villages français »
- Pourquoi les élus à la culture demandent une reconfiguration de la Rue de Valois
- François de Rugy : « la décentralisation est le rendez-vous manqué de François Hollande »
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