LA FOLLE ENTREPRISE
En fournissant directement les services innovants aux citoyens, les grands opérateurs ne finiront-ils pas par vouloir « s’approprier » les villes ? La question peut se poser, et les collectivités doivent rester vigilantes pour en garder la maîtrise.
Ma Gazette
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Des millions de données, des milliers de capteurs, des services facilitant la vie des citoyens dans tous les domaines de compétences de la collectivité… Avec les projets de ville intelligente (smart city), les opérateurs ne vont-ils pas être tentés de prendre la place des aménageurs publics et de « faire la ville » à la place des élus ? Et les collectivités ne risquent-elles pas de perdre une part de leur souveraineté au profit de ces multinationales, qui pourraient s’approprier le bien public sous prétexte qu’elles manipulent les données et fournissent des services à la population ? Avec, au final, une mise en péril de l’intérêt général ?
Le sujet préoccupe en tout cas le sociologue Bruno Marzloff, du cabinet Chronos, qui s’est interrogé sur l’évolution de la notion de service public. « Certains services s’imposent dans la ville et deviennent de facto des services publics, comme CityMapper ou Waze. Hier, l’Etat et les collectivités définissaient ces services et les administraient. Désormais, ils sont réinventés par les « tech firmes ». Mais qui les contrôle ? Et cela en fait-il des services publics ? »
Une ambiguïté qui dissimulerait l’ambition d’opérateurs de services collaboratifs de rechercher une légitimité auprès des usagers et des acteurs publics. Ainsi, Versailles grand parc (19 communes, 263 300 habitants, Yvelines) a passé un contrat avec Waze, fournisseur d’itinéraires en temps réel fondés sur la remontée d’information des automobilistes. L’agglomération s’est engagée à échanger ses données relatives à la voie publique avec celles détenues par ...