Le développement du télétravail et du travail indépendant touche les économies locales. A l’heure où les géants de l’informatique et des télécoms comme Dell, Microsoft et Intel (1) ont déjà inscrit le travail à distance dans leur culture d’entreprise, d’autres secteurs suivent ces « early adopters » (2) : conseil, banque, assurance… Ce mouvement continue de s’étendre, porté par les jeunes générations souvent qualifiées et bien rémunérées. Leurs revenus constituent une manne économique pour les territoires, mais encore faut-il pouvoir les accueillir dans des conditions adéquates. Ne serait-il pas pertinent d’intégrer ce processus dans une perspective de revitalisation des centres-villes et des quartiers centraux délaissés ?
Le haut-débit : une condition essentielle
L’accès au haut-débit – pas forcément la fibre – est, à ce titre, une condition essentielle mais non suffisante pour attirer ces nouvelles populations « connectées », dont l’information constitue la principale matière première et le principal produit. Dès lors qu’elles disposent d’un accès à internet, elles peuvent aisément mener à bien leurs activités à distance. La question se pose ensuite de créer des lieux de socialisation, des « tiers lieux », en convertissant les locaux vides en espaces de travail conviviaux dans le cœur « vibrant » de la ville, c’est-à-dire avec un accès aux services que ces travailleurs réclament (loisirs, cafés, restaurants, épiceries…).
Le potentiel est inespéré pour des territoires en mal de nouvelles activités et en recherche de relais de croissance : nous parlons ici de milliers d’emplois « délocalisables » des métropoles vers les villes petites et moyennes. Les grands centres urbains saturés, où le prix du foncier atteint des sommets et où les conditions environnementales ne cessent de se dégrader, constituent autant de viviers d’emplois pour ces territoires dont l’activité économique s’est essoufflée avec le temps.
En finir avec le mythe de l’attractivité
Ces nouvelles mobilités sont en marche, même si elles restent difficiles à mesurer du fait d’un appareil statistique encore mal adapté pour les référencer. Comment, par exemple, comptabiliser un juriste télétravaillant pour une multinationale dans un espace de coworking en milieu rural ? Où le siège social déclare-t-il la localisation de cet emploi ? Il est temps d’en finir avec le mythe de l’attractivité qui consiste à vouloir faire se déplacer des sociétés entières alors que des milliers de salariés et travailleurs free-lance n’aspirent qu’à quitter leur métropole pour gagner en qualité de vie ! C’est ce public qu’il s’agit de toucher.
Elus des villes petites et moyennes, profitez des aménités de vos territoires, mettez en avant ces atouts dont vous êtes, à raison, si fiers et qui reposent sur des éléments tangibles : temps de transport réduit, prix du foncier abordable, meilleur équilibre entre vie familiale et vie professionnelle… Adaptez vos politiques publiques aux nouvelles formes de travail et non l’inverse. En bref, regardez l’avenir en faisant (re)venir des travailleurs sur vos territoires.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Entre 60 % et 80 % des salariés de ces entreprises travaillent déjà à distance. Retour au texte
Note 02 Utilisateurs précoces de nouvelles technologies, ndlr. Retour au texte