Après 18 mois d’activité, quel est selon vous le bilan de l’Agence du numérique ?
Ces premiers mois nous ont permis de nous conforter dans l’idée qu’en matière de numérique, pour être efficace, il faut être agile et avoir un lien fort et direct avec l’écosystème. Nous sommes une administration de missions. Notre objectif est de répondre à des besoins ciblés via des opérations coup de poing, là où une administration classique de gestion ne pourrait pas le faire.
Nous étions trois structures différentes (1) mais avec des caractéristiques communes, comme le fait de s’appuyer sur les acteurs de terrain et leurs réalisations. Le plan France très haut débit a bien avancé, tout comme la French Tech qui est un vrai levier de diffusion de l’innovation dans les territoires. Innovation technologique mais aussi entrepreneuriale et sociétale. C’est sur l’appropriation du numérique qu’il nous reste le plus de chose à faire, car nous avons commencé plus tard.
Votre rattachement à Bercy ne constitue-t-il pas un handicap ?
Nous sommes une petite structure hébergée dans très une grosse structure. Nous ne cherchons pas à devenir gros, car nous recherchons l’agilité dans notre fonctionnement. Cependant, notre structure actuelle est un peu trop légère. Par ailleurs, quand on est dans une administration centrale, tout est compliqué, pour acheter des prestations, percevoir des recettes… Tout est contraint par des règles administratives alors que nous, nous avons besoin de pouvoir prendre des risques et d’aller vite. C’est pourquoi la question de notre sortie de Bercy doit être posée. Si nous voulons massifier et générer des actions sur le terrain, la question de l’agilité de fonctionnement se pose, et donc aussi de savoir si nous sommes au bon endroit.
Quels sont les freins principaux ?
Actuellement nous n’avons pas de budget propre d’intervention. Nous devons donc passer par des opérateurs, ce qui nous fait perdre beaucoup de temps dans la coordination des acteurs. L’Agence a lancé de nouveaux programmes et a besoin de les pérenniser. Sur French Tech, par exemple, nous avons des choses assez nouvelles comme les hubs à l’international, ou French Tech diversité qui permet de repérer aussi les talents qui sont dans les banlieues. Ces programmes ont besoin d’être renforcés.
Dans nos trois missions, il y a des initiatives qui peuvent être généralisées, mais cela demande des arbitrages politiques et budgétaires. Pour la French Tech, où nous n’avons aucun budget, un ou deux millions en propre nous permettraient d’avoir un pilotage automne et plus de réactivité.
Actuellement, pour des opérations mettant en jeu quelques milliers d’euros, tout est très lourd. Nous avons besoin d’autonomie pour être plus agiles. Nous sommes sur des montants d’intervention faible par rapport à d’autres programmes où l’on parle en dizaines ou centaines de millions d’euros. L’innovation dans les territoires, ce n’est que quelques millions d’euros !
Pourriez-vous intervenir sur d’autres thématiques ?
Oui, nous sommes un outil mobilisable sur d’autres actions où il faudrait des missions commando. Le Conseil National du Numérique par exemple parle, dans un de ses rapports, de transition numérique dans les TPE et les PME. Nous pourrions intervenir sur ce sujet, tout comme sur les territoires connectés où les initiatives sont encore très éparses. Là aussi nous pourrions aider à massifier. L’Agence est un outil qui mène des actions dans les territoires. Elle est prête et disponible. Mais pour cela elle doit disposer d’un pilotage autonome de ses actions.
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Notes
Note 01 La mission très haut débit, la mission French Tech et la délégation aux usages de l'Internet Retour au texte