Benoît Hamon, le candidat socialiste à l’élection présidentielle, aimerait reconquérir le cœur des fonctionnaires, mais la tâche s’avère compliquée. Le quinquennat qui s’achève avait pourtant si bien commencé…
Dans ses premiers mois à l’Elysée, François Hollande met fin au jour de carence, arrête la révision générale des politiques publiques (RGPP) qui aura entraîné le non-remplacement de 150 000 fonctionnaires de l’Etat et parle hausse des traitements, tout en s’abstenant de dispositions en ce sens.
Glaciation du point d’indice
Alors que la réalisation de cette promesse se fait attendre, la réforme territoriale frappe de plein fouet les agents qui commencent à s’impatienter. Souvent considérée comme la disparition d’une forme de proximité entre citoyens et fonctionnaires, elle fait monter la grogne parmi les syndicats.
Le lien entre François Hollande et les agents se distend, mais, en fin politique, le Président finit par répondre à leur première préoccupation : leur rémunération. Le dégel tardif du point d’indice vise à réconcilier, en partie du moins, les fonctionnaires avec la gauche.
Ce n’est pas assez estiment les syndicats, qui rappellent que son gel, de 2010 à 2016, a été plus long sous la gauche que sous la droite.
Autres sources de friction : le régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel (Rifseep) et le protocole parcours professionnels, carrières et rémunérations (PPCR).
Envisagés comme une façon de personnaliser les traitements des agents, et donc de rémunérer les plus méritants, ils sont vus par Baptiste Talbot, secrétaire général de la CGT services publics « comme une façon de dénaturer le sens de l’intérêt général qui repose sur les fonctionnaires. »
Enfin, le conflit qui a opposé le gouvernement au Centre national de la fonction publique territoriale au sujet du taux de cotisation des collectivités n’a pas réchauffé l’atmosphère.
Un divorce trop profond ?
Le quinquennat Hollande a surtout raté l’occasion de définir ce que devait être la fonction publique au XXIe siècle. Atout majeur de notre pays ou charge qui réclamerait plus de flexibilité ? Les cinq années écoulées n’ont pas permis à la gauche d’en dresser les contours. Certains l’accusent même d’être responsable du désamour des Français pour les fonctionnaires.
« En laissant la fonction publique sur la défensive, elle a ouvert la porte au déferlement anti-fonctionnaires de la droite », insiste Baptiste Talbot.
Que fera Benoît Hamon en cas de victoire ? Son programme relève d’une ambition certaine pour la fonction publique. Mais le divorce avec les fonctionnaires pourrait être trop profond pour envisager une réconciliation.
Benoît Hamon lancé dans une « opération séduction »
Les propositions de Benoît Hamon, candidat du PS à la magistrature suprême sont de celles qui marquent les esprits dans la fonction publique. Au programme du champion de l’aile gauche du parti : la revalorisation du point d’indice, la réduction du temps de travail (sont envisagés le développement des temps partiels, les semaines de quatre jours, les semaines de 32 heures travaillées) et la généralisation du droit à la déconnexion. Plus largement, le candidat socialiste semble avoir entendu les doléances des agents, affirmant que « la gauche [doit] porter un discours de vérité sur la fonction publique, en réaffirmant son rôle de premier plan dans la vie de notre pays ». Et Benoît Hamon tient à contrecarrer la proposition de François Fillon sur la fin du statut des fonctionnaires : « Le statut de la fonction publique, qui protège la carrière de l’agent par-delà les alternances politiques, est avant tout une garantie de neutralité du service public pour les citoyens. »
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