Echanges de bons procédés, retours d’ascenseur, pantouflages, trafics d’influence, clientélisme, cartels, favoritisme lors de marchés publics, bakchich, subventions dissimulées, etc… Dans le domaine de la corruption, la liste est longue et la frontière souvent très mince entre ce qui est légal et ce qui ne l’est pas, entre ce qui est moral et ce qui ne l’est pas. C’est pour mettre en lumière ces enjeux auxquels sont confrontés quotidiennement les collectivités locales que l’agence de presse Journalism++ a mis au point le serious game « Le Bon, le Brut et le Comptable ».
Ce projet original s’inscrit dans la démarche Openbudgets.eu, soutenue par l’Union européenne, à l’instar du site cookingbudgets.com (qui est d’ailleurs à la recherche de traducteurs ayant une fine connaissance des finances locales).
« L’origine du projet vient du fait que les journalistes, comme les citoyens, ont une mauvaise connaissance de la corruption, de ce qu’elle signifie sous ses différentes formes, de comment elle fonctionne concrètement », explique Nicolas Kayser-Bril, l’un des concepteurs du projet. Le programme est donc ouvertement pédagogique et s’appuie exclusivement sur des faits réels et des cas pratiques répertoriés dans différents pays européens et au Québec.
« La corruption n’est pas un problème personnel, c’est un problème systémique »
Le but du jeu est de tenir en poste le plus longtemps possible sans franchir les différentes lignes rouges légales mais en satisfaisant les attentes de la maire et les pressions, plus ou moins amicales, de la figure locale du BTP ou du président du club de foot de la ville. Une mission pas évidente. « Il y a plusieurs issues, on peut être licencié, être mis en examen, partir dans le privé chez un contractant de la mairie, créer sa société et même rester en poste 20 ans. Mais il est très difficile d’aller au bout sans jamais prendre une décision que l’on peut considérer comme immorale », détaille Nicolas Kayser-Bril.
« Notre objectif est de montrer concrètement que la corruption n’est pas un problème personnel, c’est un problème systémique. Si l’on refuse de rentrer dans le jeu, on est aussitôt éjecté par les autres acteurs. C’est l’un des marqueurs de la corruption », insiste le concepteur du jeu qui poursuit : « la dimension européenne ne nous permet pas de rentrer dans le détail de chaque pays mais certaines pratiques sont parfois légales dans certains pays tandis qu’elles relèvent clairement de la corruption dans d’autres. »
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