Ifrap : Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques
- Président d’honneur : Bernard Zimmern
- Directrice : Agnès Verdier-Molinié
Jamais à court d’un chiffre choc, la directrice de l’Ifrap, Agnès Verdier-Molinié, s’est, au fil du temps, taillé un véritable fief médiatique. Chez Laurent Ruquier ou en une du « Figaro Magazine » posant, grâce à un photomontage, dans le bureau du chef de l’Etat, elle fait, en ce début d’année, la promotion de son dernier ouvrage, « Ce que doit faire le (prochain) Président » (Ed. Albin Michel). Au programme : 440 000 postes de fonctionnaires en moins durant la prochaine mandature, le passage aux 38 heures hebdomadaires travaillées et la fin du statut pour, notamment, les agents territoriaux, ainsi que la retraite à 65 ans minimum pour tous. Une potion amère ? Agnès Verdier-Molinié s’en défend dans son livre, vantant une « fonction publique contractuelle, avec des agents valorisés pour leur travail » et « rémunérés à la performance ».
Institut Montaigne
- Président : Henri de Castries
- Directeur : Laurent Bigorgne
Financé par les principaux mastodontes du CAC 40 (BNP Paribas, Bouygues, Total…), l’Institut Montaigne dispose d’un gros budget. Dans ses publications, il prône une fonction publique « business friendly ». Interrogé voici un an, son directeur, Laurent Bigorgne, se montrait direct : « Au nom de la libre administration des collectivités, on en arrive à des situations aberrantes où l’absentéisme atteint parfois 8 à 12 % ! Beaucoup d’emplois ont vocation à être exercés par le secteur privé. Je songe, en particulier, aux postes techniques d’exécution, de jardiniers ou dans les cantines. » Il ajoutait, sûr de son fait : « Des DRH de ville moyenne y sont d’ailleurs favorables. » Selon Laurent Bigorgne, aucun doute n’est permis : « Le statut de la fonction publique ne répond plus aux évolutions nécessaires. »
Fondation Concorde
- Président Michel Rousseau
- Directrice Jennifer Pizzicara
Petit Poucet des think tanks sur le plan budgétaire, la Fondation Concorde est aussi l’un des plus anciens laboratoires d’idées de la droite. Créée à la fin des années 1990, elle regroupe élus, universitaires et hauts fonctionnaires. Ex-conseiller de Jacques Chirac et ancien maire, son président, Michel Rousseau, porte une attention particulière aux collectivités. Dans un rapport publié en mai 2015, la Fondation Concorde recommande de passer de « 36 000 à 2 500 budgets communaux » et de « 101 à 50 départements. » Des réductions qui s’accompagneraient du blocage de « tout recrutement au sein de la fonction publique territoriale pendant cinq ans ». « Les mutualisations de services et de missions engendrées par la réforme proposée entraîneront automatiquement un moindre besoin en personnel », jugeait la Fondation.
Le discret lobbying du Medef
500 000 fonctionnaires en moins, comme le préconise François Fillon ? « Dit comme ça, vous mettez le feu au pays, aux fonctionnaires, ce n’est pas bon », a jugé le patron des patrons, Pierre Gattaz, lors d’une conférence de presse le 17 janvier. Le Medef se garde d’afficher des objectifs trop précis en la matière. Dans ses « Quinze mesures pour améliorer l’efficacité de la sphère publique », il n’aborde pas de front la question du statut non plus. Mais il souhaite ramener « le poids de la dépense publique à 50 % du PIB », contre plus de 56 % aujourd’hui. Il plaide pour des administrations alignées sur les standards des entreprises : « excellence opérationnelle », « performance des achats », « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences »… « Il s’agit d’un enjeu essentiel pour notre pays. La sphère publique a une obligation d’excellence », martèle Pierre Gattaz.
Le cas Terra nova
Proche du PS, Terra nova n’est parfois pas loin de partager certains diagnostics de think tanks d’obédience libérale. « Le temps de l’administration n’est pas celui de la société. Les évolutions naturelles de l’une et l’autre sont différentes et débouchent sur un décalage croissant », jugeait le think tank en 2013, faisant de la modernisation de l’action publique « la mère de toutes les réformes ».
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Qui veut la peau des fonctionnaires ? Le « fonctionnaire bashing » dans tous ses états
Sommaire du dossier
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- Fonction publique : les candidats LR adeptes du « en même temps »
- La rengaine du trop de fonctionnaires
- Le retour du discours contre « les ronds-de-cuir »
- « Fonctionnaire bashing » : la petite musique libérale des think tanks
- Qui veut la peau des fonctionnaires ? Les laboratoires d’idées mot à mot
- Effectifs de la fonction publique : à droite, une tradition de prudence au-delà des effets de manche
- Bilan du quinquennat 2012-2017 : sur la fonction publique, le PS a beaucoup à se faire pardonner
- Avis de tempête sur les fonctionnaires
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- « Il faut ouvrir un débat sur le statut et ses assouplissements »
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