«Un quinquennat pathétique. » C’est le jugement assez définitif porté par le candidat (LR) à la présidentielle François Fillon. Rien d’étonnant, dans la dynamique d’une campagne électorale qui n’appelle pas à la nuance. Sauf que, au crépuscule du quinquennat Hollande, les critiques, parfois féroces, fusent de toutes parts.
La rédaction de «La Gazette » a donc voulu, sans concession ni parti pris, dresser un état des lieux de ce qui a été fait – ou pas – pour le monde territorial depuis cinq ans. Nous faisons donc volontairement l’impasse sur les autres événements qui ont pourtant marqué la France depuis 2012, attentats terroristes en tête.
Attentisme et marche forcée
Sur la méthode, on peut distinguer deux grandes périodes, ou plutôt deux tempos. Le premier, lent, est une période de réflexion et de concertation pour les uns ; de « retard à l’allumage » et d’« attentisme » pour les autres. Puis le tempo s’accélère, et l’on invoque d’un côté l’urgence et l’efficacité ; de l’autre, on dénonce la précipitation et des réformes imposées à coups de 49-3 et d’ordonnances.
Incantations et suppliques
Reste la mélodie, dont la tonalité générale aura été dominée par la lancinante question de la dette publique et des efforts à fournir pour la réduire. La terminologie, elle aussi, a évolué.
Le gouvernement Ayrault avait eu recours à certaines notions ou incantations particulièrement choisies : « concertation » ou appel à « l’intelligence territoriale », sans que l’on sache exactement si ces formules relevaient du constat flatteur ou de la supplique pour mettre en œuvre une réforme un peu compliquée. Les éléments de langage se sont ensuite mués en « urgence », « pragmatisme » et « réalisme ».
L’appel à l’intelligence territoriale a en tout cas été entendu par les associations et syndicats de territoriaux, qui ont su se regrouper au sein de l’Entente. Phénomène assez nouveau, la territoriale s’est ainsi exprimée, au gré des projets de loi, à travers des manifestes et autres recueils de propositions. Une parole libérée qui a pu parfois choquer, certains considérant qu’elle devait rester dans la sacro-sainte obligation de réserve.
Dans le registre sémantique, on retiendra aussi l’insertion dans les textes de concepts abstraits, de « chefs de filât », par exemple, ou de schémas parfois « prescriptifs » mais toujours alambiqués. Des principes dont la compréhension et la mise en œuvre pourraient encore nécessiter… tout un mandat !
Nous publions, au cours des prochains jours, les différents volets de cette plongée dans le hollandisme appliqué au monde territorial.
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Le bilan territorial de François Hollande
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