Comme nous l’avons vu lors de la journée d’études de l’Association des petites villes de France (APVF), organisée le 6 octobre et consacrée aux déserts médicaux et à l’offre de soins dans les petites villes, il existe un constat unanime sur la désertification médicale, même si le terme en lui-même peut être discuté. Surtout, cette dégradation de l’offre de soins touche désormais l’ensemble des territoires, et non plus seulement les communes rurales. Le périurbain, les banlieues et même les cœurs de ville sont désormais concernés, pour différentes raisons.
Ce consensus sur le constat se double également d’un rapprochement des positions entre les différents acteurs : praticiens de santé, pouvoirs publics et élus locaux. A l’APVF, nous partageons avec le conseil national de l’Ordre des médecins certaines propositions : il faut renforcer la place des soins de ville dans la formation des jeunes médecins ; encourager la télémédecine ; travailler à l’échelle du bassin de vie ; valoriser l’expérience des médecins qui se sont installés dans les zones sous-dotées.
Territoires prioritaires de santé
En outre, l’APVF propose la mise en place de « territoires prioritaires de santé » qui, dans les bassins de vie où la désertification est la plus forte, favoriseront une approche territoriale globale et des mesures innovantes pour répondre à ce défi.
Par ailleurs, les gouvernements ont mis en place de nombreuses mesures pour lutter contre cette situation, particulièrement depuis 2012 avec les deux Pactes territoire-santé. Celles qui visent à favoriser l’exercice en commun de la médecine nous semblent particulièrement intéressantes parce qu’elles répondent en partie aux nouvelles pratiques des jeunes médecins qui souhaitent exercer en équipe, être de plus en plus salariés et bénéficier de mobilités. Les collectivités territoriales y ont pris toute leur part avec la construction de maisons de santé pluridisciplinaires et le salariat de médecins au sein de centres de santé municipaux ou intercommunaux.
Différence entre régulation et coercition
En revanche, nous constatons que les mesures incitatives n’ont pas apporté les résultats escomptés et c’est dans ce domaine que les positions divergent. Il nous paraît désormais indispensable, face à l’aggravation de la situation, de mettre en place des mesures de régulation de l’installation des médecins. L’APVF fait dans cette optique une différence claire entre régulation et coercition.
Il existe en effet des dispositifs de régulation intéressants, qui sont bien loin de l’obligation d’installation parfois évoquée, et qui ont été mis en place dans certaines professions de santé, avec succès. Il s’agit notamment du conventionnement qui limite l’accès aux zones surdotées pour les infirmiers libéraux.
De la mise en œuvre de ces mesures de régulation pourrait découler la réussite d’autres initiatives, comme l’augmentation et la régionalisation du numerus clausus.
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