Un poids lourd lancé à vive allure sur la célèbre Promenade des Anglais, sur deux kilomètres. Parmi les 84 morts, plusieurs enfants. À ce très lourd bilan, s’ajoutent 18 personnes « en état d’urgence absolue », « une cinquantaine de blessés légers» et 120 autres personnes « impliquées ».
La rédaction de la Gazette exprime toutes ses condoléances et son soutien aux victimes, à leurs familles et à leurs proches, ainsi qu’à la ville de Nice.
Après la sidération, c’est, à nouveau, l’incompréhension
Les mesures « classiques » ont été prises : le plan Orsec (qui permet la prise en charge des victimes lors d’événements exceptionnels) ; Plan Blanc (protocole d’urgence permettant l’accueil d’un grand nombre de victimes dans les hôpitaux), ont été immédiatement été déclenchés. Une cellule de crise au sommet de l’Etat s’est tenue dans la nuit du 14 juillet, puis un conseil de Défense ce 15 juillet à 9h. Tous les services sont mobilisés avec, à chaque instant, de réconfortantes réactions de solidarité spontanées. Un deuil national a été décrété les 16-17 et 18 juillet.
Les premières mesures
L’état d’urgence – dont la suspension venait d’être annoncée à compter du 26 juillet – sera donc prolongé de trois mois. Un projet de loi sera soumis au Parlement d’ici la semaine prochaine», a précisé le chef de l’Etat, qui a également annoncé le 15 juillet à 9 heures le maintien « à un haut niveau de l’opération Sentinelle », rappelant qu’elle mobilisait « 10.000 militaires, en plus des gendarmes et des policiers.
Manuel Valls a annoncé qu’un conseil des ministres extraordinaire sera convoqué mardi pour adopter le projet de loi qui permettra la prolongation de l’état d’urgence. Il sera soumis ensuite le mercredi à l’Assemblée nationale puis le jeudi au Sénat. Pour mémoire, ce régime permet notamment, de façon exceptionnelle d’interdire la circulation, d’ordonner la fermeture provisoire de salles de spectacles ou de manifestations. L’étape du jour du Tour de France aura cependant bien lieu, mais « sans caractère festif ». Quelque 600 membres des forces de l’ordre sont mobilisés sur cette étape contre-la-montre.
Fait exceptionnel, le président de la République a également annoncé sa décision «de faire appel à la réserve opérationnelle» constituée d’ancien militaires ou gendarmes, «en particulier pour le contrôle des frontières».
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Demain, les polémiques
Ouverture d’un « Guantanamo à la française » avec enfermement des individus « fichés S », efficacité réelle des mesures prises pour prévenir la radicalisation et lutter contre le terrorisme, la possibilité de coupler la vidéosurveillance avec des technologies de reconnaissance facile, bilan exhaustif de l’état d’urgence : après l’émotion, viendra le temps des polémiques. Avec cette question « sensible »: l’état d’urgence est-il conciliable avec les grands moments de festivités nationales ?
Première réaction « politique », moins de vingt-quatre heures après le drame, le candidat à la primaire de droite Alain Juppé a ainsi asséné : » si tous les moyens avaient été pris, l’attentat de Nice n’aurait pas eu lieu ». « Il y a un deuil, il y a un risque et par conséquent nous préconisons que les manifestations qui étaient programmées dans les prochaines heures ne se tiennent pas par respect à la fois pour la mémoire des victimes mais aussi pour des raisons de sécurité », avait, pour sa part, réagi un peu plus tôt Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. La mairie de Marseille a d’ores et déjà signalé l’annulation des festivités prévues vendredi 15 juillet au soir.
Dans un communiqué, l’ Association nationale des cadres territoriaux de la sécurité (ANCTS) a entamé le débat : « La fête, aussi futile puisse-t-elle paraître, reste nécessaire pour que la cohésion sociale se fasse, et s’il ne s’agit de mettre inutilement le public en danger, ces rassemblements conservent un caractère indispensable, qui plus est dans le contexte sécuritaire particulièrement difficile actuellement. Cela passera donc nécessairement par une montée en puissance des capacités de réflexion en matière de sécurité des collectivités territoriales ».
D’autres professionnels de l’action publique locale ont choisi de rester plus en retrait, relayant avant tout des messages de compassion. C’est le cas des organisateurs du Festival d’Avignon qui s’est ouvert aujourd’hui.
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