Pour mieux connaître la pauvreté, pour mieux la combattre, la Gazette poursuit l’analyse des données produites par Le Compas, bureau d’études spécialisé dans l’analyse des données sociales, sur la base des dernières données de l’Insee sur les revenus de la population.
Pour la première fois, l’établissement national de statistiques fournit en effet des données sur les revenus des habitants « calculés en enlevant les impôts directs payés et en ajoutant les prestations sociales », précise Louis Maurin, directeur d’études au Compas.
Ces données, plus précises, sont cependant basées sur les revenus 2012 de la population, mais elles ne remettent pas en cause les précédentes simulations que nous avions effectuées avec Le Compas sur le classement des villes les plus pauvres, en 2014.
Selon Louis Maurin, elles dessinent, avec d’autres travaux récents de l’Insee, « une carte de France de la pauvreté qui s’éloigne de l’image des plus pauvres regroupés en périphérie des villes ! Les communes très peuplées abritent bien des personnes en situation de grande précarité.
Carte des inégalités de revenus des villes de plus de 20 000 habitants
Ce qui apparaît nettement lorsque l’on se penche sur les revenus du 1er décile de la population : 3 arrondissements de Marseille, (le 1er, le 3ème et le 2ème) arrivent « en tête » avec un revenu annuel de la population la plus pauvre en dessous de 6319 euros. Le 18è arrondissement de Paris arrive en 28è position, avec 7992 euros de revenus.
Jusqu’à la 15è position, hors les arrondissements marseillais, toutes les villes concernées sont limitrophes de Paris. La première ville de province est Bézier, avec un revenu de 7539 euros, Roubaix arrivant au même niveau, avec 7540 euros de revenus. Mais l’indice Gini est plus fort à Bézier (0,33) qu’à Roubaix (0,29).
En se penchant sur les données par arrondissement des 3 villes concernées, on mesure également les grands écarts de revenus qui existent dans ces capitales, ainsi que la grande précarité d’une partie de sa population.
Paris, championne des inégalités
Les revenus du 1er décile de la population varient ainsi à Paris entre 7992 euros dans le 18è arrondissement et 13712 euros dans le 7è arrondissement. Les revenus du 9è décile s’étagent eux entre 41 089 dans le 19è arrondissement et 131989 euros dans le 7è arrondissement.
Globalement, Paris est ainsi une ville très inégalitaire. L’indice Gini des inégalités s’élève, pour l’ensemble de la capitale, à 0,43, et 0,53 dans le 7è arrondissement.
Marseille est une ville moins inégalitaire que Paris (indice gini = 0,33, proche de la moyenne nationale), mais certains de ses arrondissements enregistrent donc une très grande pauvreté.
A Lyon, la population la plus pauvre dispose de revenus plus importants qu’à Marseille (9318 euros pour le 1er décile dans le 9è arrondissement), mais les inégalités y sont plus fortes, avec 3 arrondissements (1,6,2) au-dessus de la moyenne nationale.
Cet article fait partie du Dossier
Pauvreté : en finir avec la politique de l'autruche
Sommaire du dossier
- Pauvreté : en finir avec la politique de l’autruche
- Des pauvres de plus en plus pauvres, et des riches de plus en plus riches
- Niveaux de vie : comment se situe ma commune ?
- Quelles sont les villes où les écarts de revenus sont les plus forts ?
- A Vénissieux, la misère s’enkyste, même si les passerelles se tissent
- Ces poches de pauvreté au cœur des villes
- Où vivent les jeunes adultes de condition modeste ?
- Pauvreté : une analyse objective de la situation
- Ces quartiers où plus de la moitié de la population est pauvre
- Les inégalités de la France d’en haut et de la France d’en bas, dans les communes de plus de 20 000 habitants
- Pauvreté et inégalités : état des lieux dans les villes de plus de 20 000 habitants
- Combien de pauvres dans les 100 plus grandes villes ?
- Pauvreté et types de ménages : une typologie des intercommunalités
- Les pauvres seraient-ils encore plus pauvres dans les villes riches ?
- Inégalités territoriales : mieux se situer pour affiner ses politiques sociales
- Les taux de pauvreté des 100 plus grandes communes de France
- La pauvreté dans les arrondissements de Paris, Lyon et Marseille
- Connaître les pauvres en France : typologies
- « La pauvreté ne se limite pas à la périphérie des villes ! » – Louis Maurin
- Où vivent les pauvres ? L’Insee infirme définitivement la thèse de la France périphérique
- « La lutte contre la pauvreté passe par des ajustements locaux » – François Chérèque, inspecteur général des Affaires sociales, président de l’Agence du service civique
- Inégalités : quels enseignements tirer du classement des communes ?
- Villes, périurbain, rural : quels sont les territoires les moins favorisés ?
- « La mesure la plus fine possible de la pauvreté est fondamentale » – Daniel Zielinski, Unccas
- Pauvreté : les acteurs locaux expriment leurs besoins en matière d’observation sociale
- ATD Quart Monde se félicite de l’abandon du « taux de pauvreté ancré dans le temps »
- Comment les villes observent la pauvreté de leur territoire
- Journée mondiale du refus de la misère : lutter contre les discriminations fondées sur la précarité sociale
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