Les coups d’éclat et les coups de sang se suivent et se ressemblent. Une centaine de maraîchers et d’arboriculteurs de la région Paca ont déversé des camions de salades et de paille devant la préfecture d’Avignon, le 25 mars 2016. Depuis près d’un an, les agriculteurs se mobilisent, dans toute la France, pour dénoncer une crise sans précédent qui met en péril la survie de leurs exploitations.
C’est le cas tout particulier des éleveurs, frappés de plein fouet par la chute des cours. Pour le porc et la viande bovine, elle atteint respectivement 30 % et 20 % en 2013 et pour le lait 17 % entre 2014 et 2015. Cette année suit la même tendance.
« Une exploitation exige énormément d’investissements et donc de contracter des emprunts, souligne Adrien Denis, éleveur de vaches allaitantes et maire de Dénezé-sous-le-Lude (310 hab., Maine-et-Loire). Il devient difficile de suivre lorsque les prix s’effondrent. »
Sentiment d’abandon
Le niveau d’endettement des exploitations agricoles est passé de 50 000 euros environ, en 1980, à 171 600 euros en moyenne, en 2012. Le taux moyen d’endettement des exploitations s’élève à 40 %. Mais il atteint 65 % dans certaines productions comme le maraîchage ou l’élevage porcin.
« Aujourd’hui, beaucoup d’agriculteurs travaillent à perte, poursuit Adrien Denis. D’autant que les charges s’envolent : les prix des aliments pour les animaux, les produits phytosanitaires et les frais vétérinaires. Par exemple, le coût d’une césarienne est passé de 75 à 300 euros en quinze ans. »
Selon le ministère de l’Agriculture, 10 % des éleveurs seraient au bord du dépôt de bilan. Au moins 51 000 exploitations ont eu un revenu inférieur à 4 000 euros en 2015, estiment les représentants de la Mutualité sociale agricole. Le taux de pauvreté des agriculteurs reste bien supérieur à la moyenne de la population et ne cesse de s’accroître : il est passé de 13 % en 2006 à 24 % en 2010.
« Aujourd’hui, nous avons l’impression d’être en décalage avec le reste de la population et ...
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