Le président de la République a fait un geste envers les collectivités locales en annonçant, en clôture du dernier Congrès des maires de France, la division de moitié des 2 milliards initiaux du plan triennal de baisse des dotations ainsi que la mise en place d’un fonds de soutien à l’investissement, dans lequel est prévue une hausse de la dotation d’équipements. Aussi modeste que salutaire pour nos territoires, bien mal en point.
Il n’est pas trop tard ! D’un côté, la France dégringole d’année en année dans les classements internationaux qui analysent la qualité des infrastructures, de l’autre les collectivités locales contraignent fortement leurs investissements en la matière, sous la pression des baisses successives des dotations de l’Etat.
En tant que jeune maire, le casse-tête est d’autant plus difficile à résoudre : quel avenir pour nos territoires dans un tel contexte ?
Ne renonçons pas à investir dans les infrastructures
Alors que le budget de ma commune a été amputé de 800 000 euros cette année et perdra 1,2 M d’euros l’année prochaine suite à la réduction des dotations de l’Etat, nous avons voulu maintenir le niveau de nos investissements dans les infrastructures. Pourquoi ? La réponse est simple : sans infrastructure, point de cohésion sociale et d’activité économique.
Au côté de la région et du département, nous avons ainsi investi à Juvisy-sur-Orge (Essonne, 16 000 hab.), dans la construction d’un pôle multimodal de grande ampleur adapté aux passages quotidiens des 60 000 voyageurs, des 1 200 trains et 28 lignes de bus dans les trois gares routières pour faciliter les déplacements des franciliens. Ces investissements bénéficieront également largement aux quartiers alentours par un important effet de levier.
Rappelons-nous que les communes représentent seulement 4 % de la dette de l’Etat et il leur est demandé aujourd’hui de contribuer à hauteur de 25 % de l’effort de réduction des dépenses publiques. Les maires ne mettent d’ailleurs pas en cause le fait qu’il faille baisser la dépense publique, nous sommes tous d’accord là-dessus. Le problème réside bien dans le rythme des baisses de dotation, de plus en plus difficile à suivre.
Rappelons-nous aussi que les projets d’investissements ne sont ni de droite ni de gauche, ce sont des projets concrets, pour améliorer le quotidien des habitants de nos territoires.
Investir, c’est assurer l’avenir de nos territoires
Alors pourquoi les communes devraient continuer à investir maintenant face à de telles contraintes budgétaires ?
Il ne faut pas se voiler la face : la France, et plus près de nous le Grand Paris, ont besoin d’infrastructures de haut niveau pour rester attractifs et compétitifs à l’échelle mondiale. Et les Français ont en besoin tous les jours, tout simplement.
Les situations à risque ne doivent pas être occultées : les actuelles intempéries, le drame de Bretigny-sur-Orge, dans mon département, démontre l’importance de la qualité et du besoin d’entretien des infrastructures face aux différents aléas, climatiques comme techniques.
Au-delà de ces éléments, si nous ne le faisons pas aujourd’hui, les générations futures hériteront de ce que les experts décrivent comme une lourde « dette grise ». Dans un récent article, Yves de Kerdrel exposait d’ailleurs à ce sujet que « le sous-investissement actuel se transforme en « dette invisible » qui devra être assumée par les générations futures. » Et de chiffrer l’ensemble de cette dette à près de 2 000 milliards d’euros !
Alors ne cédons pas à la tentation d’aggraver le déjà lourd tribut qui pèse sur les prochaines générations. Un sursaut d’investissement est indispensable. Il est vital pour notre économie comme pour la sécurité des usagers des transports et pour la protection de notre environnement ! Alors chers collègues élus, n’hésitons plus : investissons aujourd’hui dans les infrastructures de demain.
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