Il n’est pas fréquent qu’un ministre de la Culture s’exprime publiquement sur la politique culturelle d’une ville. C’est pourtant ce qui est arrivé, le dimanche 29 mai 2016 quand Audrey Azoulay indiquant qu’elle « déplore la volonté du maire de Quimper de mettre fin à la subvention du centre d’art Le Quartier ». Ouvert en 1990, Le Quartier, centre d’art contemporain de Quimper avait pourtant traversé plusieurs alternances politiques. A l’issue de son élection en mars 2014, le maire Ludovic Jolivet (LR) avait annoncé une diminution de la subvention municipale de 15% pour les trois années à venir ; celle-ci est donc passée de 352 145 euros en 2013 à 296 773 euros en 2015, puis 252 000 euros en 2016. L’association gestionnaire du centre d’art avait alors revu le périmètre de ses interventions et licencié une personne pour s’adapter à ce contexte budgétaire. Elle a aussi noué un partenariat avec le Fonds Hélène et Edouard Leclerc pour la culture (Landerneau, Finistère) pour monter une exposition, actuellement présentée au Quartier. Lors d’une réunion en bureau municipal le 6 juin, Quimper a décidé de ne pas reconduire la convention avec Le Quartier, mettant fin au versement de sa subvention et à l’occupation des locaux municipaux. Dans un communiqué, la ville fait valoir que « la part municipale du financement du centre d’art s’avérait trop élevée par rapport à des situations comparables à l’échelle nationale. (…). Cette décision, difficile, est aujourd’hui l’une des conséquences de la diminution drastique et continue des dotations de l’Etat aux collectivités ».
Aide de l’Etat
En mairie, on explique aussi que « les efforts de financement se portent sur le musée des Beaux Arts, le conservatoire de musique et le conventionnement avec des associations locales comme le Très Tôt théâtre ».
« Non à la fermeture du Quartier » le centre d’art de #Quimper #tousmobilisés @LeQuartier29000 pic.twitter.com/VPAbnvpkeT
— d.c.a (@dca_reseau) 10 juin 2016
La municipalité de Quimper n’a pas jugé recevable la proposition d’Audrey Azoulay d’apporter une enveloppe supplémentaire de 20 000 euros au centre d’art contemporain. A laquelle s’ajoute, par ailleurs, la proposition d’une aide de 100 000 euros au conservatoire de musique. Au ministère, on se dit « étonné » du refus de la mairie.
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Pour Etienne Bernard, président de l’Association française de développement des centres d’art, la fermeture du Quartier marque « le refus de certaines formes de création et d’ouverture au monde ». Il s’inquiète que la décision quimpéroise crée un précédent dont pourraient pâtir d’autres centres d’art contemporains et s’alarme aussi du soutien que recueille Ludovic Jolivet dans la presse d’extrême droite (Minute, Breizh Atao).
Lors du vernissage de ce qui sera la dernière exposition du Quartier, le 10 juin, Jean-Michel Le Boulanger, vice-président (PS) du conseil régional de Bretagne a parlé de « la tristesse et la colère devant une décision injuste, brutale et méprisante ». « Toutes les collectivités sont concernées par la diminution des dotations, commentait-il plus tard. En 2016, nous avons diminué le budget de fonctionnement du conseil régional et nous avons décidé d’augmenter de 500 000 euros le budget du spectacle vivant (16 millions). Ce n’est ni négligeable, ni faramineux. C’est un geste politique. »
Selon la presse locale, une seconde association d’art contemporain, Art4Context, pourrait disparaître en 2017 en raison de l’interruption du financement municipal.
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