Vous avez institué une prime de présentéisme à partir de 2006 au sein de l’ex-SAN Ouest Provence. Quels en ont été les effets ?
Ils sont mitigés, avec un impact réel sur la maladie ordinaire mais seulement à court terme et qui s’est rapidement étiolé. Cette prime peut aussi avoir des effets pervers. Nous avons constaté que des agents utilisent des jours de congés quand ils sont malades pour ne pas la perdre. En revanche, elle pénalise les agents avec des maladies lourdes. Pour ce type de dispositif comme pour les autres, si on n’innove pas, si on ne les remet pas en perspective, on perd les effets.
Les effets de la prime de présentéisme sont mitigés, avec un impact réel sur la maladie ordinaire mais seulement à court terme et qui s’est rapidement étiolé
Quels sont les autres leviers que vous utilisez aujourd’hui pour prévenir et traiter l’absentéisme ?
Nous agissons à la fois sur le collectif et l’individuel. Concernant les mesures collectives, sur la prévention des risques par exemple, nous avons mis en place des actions ciblées sur des services à risque comme les déchets. Il faut avoir une approche personnalisée pour chaque entité.
Nous avons aussi systématisé l’analyse des accidents de service et des maladies professionnelles avec la mise en place d’actions correctrices et une évaluation de ces actions pour coller à la réalité du terrain. Et nous avons constaté une baisse très significative des arrêts pour maladie professionnelle.
Concernant les RPS, l’analyse s’est faite direction par direction sur le stress, en prenant en compte les problématiques internes et externes afin d’améliorer les conditions de travail.
Sur le plan des mesures individuelles, le contrôle médical des arrêts pour maladie ordinaire permet une meilleure prise en charge des agents. Il n’y a pas que l’aspect répressif. Cela permet d’établir le lien avec l’agent, d’identifier ses problèmes, ses pathologies. Mais les contrôles sur les arrêts de courte durée sont techniquement difficiles à réaliser.
Il n’y a pas que l’aspect répressif des contrôles des arrêts maladie. Cela permet d’établir le lien avec l’agent, d’identifier ses problèmes
Vous avez également mis en place des réunions de coordination médico-sociale. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous nous sommes rendu compte que nous ne traitions tous qu’une partie du problème. Désormais nous nous réunissons une fois par mois avec tous les acteurs de la santé au travail, le service social, le service accompagnement professionnel, pour avoir une visibilité la plus large possible. On peut convier le directeur concerné pour qu’il puisse expliquer les contraintes du travail dans sa direction au médecin. Que celui-ci prenne conscience des problématiques d’aménagement de poste. Ces réunions permettent d’anticiper les risques psychosociaux (RPS), de mieux reclasser les agents, de faire des aménagements de poste, de prendre en charge des pathologies lourdes et des difficultés sociales.
Envisagez-vous de nouvelles actions pour lutter contre l’absentéisme ?
Oui. Nous souhaitons renforcer l’accompagnement individuel par la création d’un poste de conseiller en accompagnement professionnel, qui va faire du coaching sur 20 % de son temps.
Mais aussi mettre à disposition des directions des indicateurs RH sur l’absentéisme pour les responsabiliser.
Renforcer l’accompagnement individuel par la création d’un poste de conseiller en accompagnement professionnel
Cet article fait partie du Compte-rendu
Absentéisme : les initiatives locales pour enrayer le phénomène
Sommaire du dossier
- Absentéisme : les initiatives locales pour enrayer le phénomène
- « Tous les motifs pour raison de santé peuvent donner lieu à des politiques adaptées » – Jérémie Vencatachellum
- « Les résultats concernant l’absentéisme sont difficiles à obtenir » – Christophe Bertrand (Grand Avignon)
- « Nous agissons à la fois sur le collectif et l’individuel » – Laurent Peres (Aix-Marseille-Provence)
- « L’absentéisme est souvent lié à un problème d’organisation » – Carole Brevitaz (CDG des Bouches-du-Rhône)
- « Les facteurs influant sur l’absentéisme sont organisationnels, structurels et conjoncturels » – Agnès Battimelli (CDG des Bouches-du-Rhône)
- « Le statut offre des possibilités qu’on peut exploiter au maximum » – Vincent Bonnafoux
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