« Il est de notre rôle, en tant que centre de gestion, de participer à des rencontres d’échanges d’expériences pour aider les collectivités à gérer l’absentéisme », a expliqué Sakina Larbi, directrice générale des services du centre de gestion des Bouches-du-Rhône, en ouverture de la matinée sur la prévention de l’absentéisme, organisée par le Club RH de La Gazette le 19 mai.
La spécialiste a également insisté sur l’importance du soutien et du portage politique. Tout comme Christophe Bertrand, directeur général des services de la communauté d’agglomération du Grand Avignon, regrettant au passage que « la question de l’absentéisme n’intéresse généralement pas les élus ».
Avant d’entamer les échanges, Jean-Charles Rivet, directeur général adjoint de Sofaxis, a dressé un panorama des absences pour raisons de santé dans les collectivités, permettant de mieux comprendre les causes de la progression de l’absentéisme. « Ce sont les maladies professionnelles, et en priorité les troubles musculo-squelettiques (TMS), qui tirent la courbe de l’absentéisme vers le haut », a-t-il expliqué. Entre 2003 et 2014, le nombre de maladies professionnelles indemnisées a été multiplié par quatre. Le spécialiste a par ailleurs indiqué que la moyenne des arrêts est de plus en plus longue, notamment en raison du vieillissement des agents.
Faire du sur-mesure
A partir de là, comment faire ? « L’absentéisme est un phénomène multifactoriel et complexe qui amène des réponses diverses. L’approche doit être à la fois collective et individuelle », a expliqué Jérémie Vencatachellum, élève administrateur territorial de l’INET. Il faut donc combiner différents leviers et adapter les réponses à la réalité de chaque collectivité. Et même, à la réalité de chaque direction ou service.
« Chacun a des problématiques différentes. On ne peut pas apporter des réponses uniformes », a rappelé Christophe Bertrand. Il en va de même pour le traitement des situations individuelles. D’où l’intérêt de constituer des équipes de travail pluridisciplinaire pour proposer des réponses sur-mesure, comme l’a expliqué lors de son intervention Laurent Péres, DRH du conseil de territoire n°5 de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence.
Quelles que soient les mesures prises, elles doivent être régulièrement réinterrogées et adaptées. « On ne peut pas régler le problème une fois pour toute et passer à autre chose », a prévenu Jérémie Vencatachellum.
Les intervenants ont également rappelé la nécessité d’impliquer toute la chaîne hiérarchique pour traiter l’absentéisme. « Tous les acteurs doivent être sensibilisés et impliqués chacun à leur niveau », a résumé Carole Brevitaz, chef du service « prévention et sécurité au travail » du centre de gestion des Bouches-du-Rhône.
Agir sur tous les fronts
Sur les mesures précises à mettre en œuvre, il a largement été question des primes d’assiduité, à l’œuvre notamment à la communauté d’agglomération du Grand Avignon et au sein du conseil de territoire n°5 de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence. Prime dont l’efficacité se révèle discutable, avec des résultats sur les arrêts de courte durée, mais qui s’étiolent au fil du temps.
Présente dans la salle, Sonia Pavic, DGA ressources humaines de la ville d’Aix-en-Provence, a vanté les mérites de l’organisation du travail comme outil de prévention de l’absentéisme. Estimant notamment qu‘il faut « permettre aux agents de mieux concilier vie privée et vie professionnelle, avec par exemple des horaires flexibles ».
Laurent Peres a de son côté insisté sur le travail d’analyse des dysfonctionnements. « Par exemple, le suivi régulier des arrêts d’accident de service et maladie professionnelle a contribué à faire baisser de 67 % les arrêts pour maladie professionnelle », a-t-il indiqué.
Pour des services difficiles, comme celui de la collecte des déchets évoqué par Christophe Bertrand, directeur général des services de la communauté d’agglomération du Grand Avignon, « il faut travailler sur l’utilité sociale des agents en communiquant auprès de la population. Ce peut être un levier de motivation », a proposé Sonia Pavic.
En guise de conclusion, Vincent Bonnafoux, DGA chargé des ressources humaines de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence, a estimé que l’absentéisme est « un sujet mouvant qui demande de la créativité, de l’humilité et de la persévérance ».
Cet article fait partie du Compte-rendu
Absentéisme : les initiatives locales pour enrayer le phénomène
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- Absentéisme : les initiatives locales pour enrayer le phénomène
- « Tous les motifs pour raison de santé peuvent donner lieu à des politiques adaptées » – Jérémie Vencatachellum
- « Les résultats concernant l’absentéisme sont difficiles à obtenir » – Christophe Bertrand (Grand Avignon)
- « Nous agissons à la fois sur le collectif et l’individuel » – Laurent Peres (Aix-Marseille-Provence)
- « L’absentéisme est souvent lié à un problème d’organisation » – Carole Brevitaz (CDG des Bouches-du-Rhône)
- « Les facteurs influant sur l’absentéisme sont organisationnels, structurels et conjoncturels » – Agnès Battimelli (CDG des Bouches-du-Rhône)
- « Le statut offre des possibilités qu’on peut exploiter au maximum » – Vincent Bonnafoux
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