« Les collectivités territoriales peuvent faire pratiquement ce qu’elles veulent, quand elles veulent, où elles veulent. » Bertrand Fort, délégué à l’action extérieure des collectivités locales au ministère des affaires étrangères et du développement international, ne mâche pas ses mots quant aux possibilités d’action des collectivités sur la scène internationale.
Tout juste nuance-t-il, en expliquant qu’il faut « tout de même rester dans les limites de la politique étrangère de la France. Il n’est par exemple pas possible de travailler avec une collectivité située en Crimée. »
Car les domaines sur lesquels peuvent intervenir les collectivités locales françaises à l’international sont nombreux. Changement climatique, migrations, économie, attrait de la francophonie. Et les intérêts ne se limitent pas à ces enjeux. Cela peut aussi être des échanges culturels, sportifs… Des interventions qui se déroulent la plupart du temps sous forme de coopérations décentralisées, et notamment par le biais du jumelage.
Un enjeu de premier plan…
Ce thème de l’action internationale prend de l’importance. C’est même devenu, lors des dernières élections, un thème de campagne. Mickaël Vallet, maire de Marennes, président de la communauté de communes de Marennes et Pays Marennes Oléron, maire référent affaires internationales et coopération décentralisée à l’AMF, l’a constaté dans sa région. « Lors des élections régionales en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, un parti a d’emblée amené sur le tapis le sujet de l’intervention de la région à l’étranger, en expliquant que s’ils étaient élus, ils couperaient tout financement sur le territoire africain. »
Autre ambition pour les collectivités présentes à l’international : se faire connaitre. S’imposer comme une marque. « Les grandes collectivités font du marketing en étant présentes partout dans le monde, » estime Bertrand Fort. « Elles veulent notamment attirer de l’investissement et du tourisme. »
…mais pas prioritaire pour les élus
Et pourtant. Abordé dans le cadre du congrès des maires par une table ronde intitulée « Communes et intercommunalités : des actrices sur la scène internationale », ce thème n’a pas eu un grand succès. Seuls quelques élus déjà convaincus étaient présents. Car par les temps qui courent, l’action internationale n’est pas forcément une priorité pour les élus…
Une des barrières que rencontrent les élus sur le sujet vient de la difficulté de convaincre leurs administrés du bien-fondé de ces actions. Pourtant, selon Jean-Louis Testud, adjoint au maire à Suresnes (92), il est possible de faire adhérer ses administrés aux différents projets. « Dans ma commune, nous sommes fortement impliqué à Haïti depuis le séisme de 2010. Nous avons une coopération forte. Chaque année, nous organisons une exposition pour rendre compte aux habitants de ce que nous avons réalisé. Nous montrons les écoles que nous avons contribué à construire… Et quand ils sont bien informés, les gens adhèrent. Ils demandent même que l’on en fasse davantage. »
Une demande de savoir-faire français
Celui-ci estime d’ailleurs que les collectivités peuvent faire du meilleur travail que les organisations internationales dans l’objectif d’aider les territoires en difficulté. « Lorsque nous recevons des financements, nous sommes certainement plus efficaces que les ONG. »
Et cela se ressent. Philippe Orliange, directeur exécutif de l’Agence Française de Développement en charge des partenariats et de la stratégie, le confirme. « Il y a une demande de France. Les villes sont partout reconnues pour les valeurs qu’elles portent et les savoir-faire qu’elles exportent. »
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