Sur les réseaux sociaux, cela s’appelle un BadBuzz. Autant dire que le département de la Haute-Savoie s’en serait bien passé, lui qui cherchait justement à améliorer sa communication sur Twitter et Facebook. Raté donc.
Sur le Canard puis sur Twitter…
Tout commence le 18 mai dernier avec la publication d’une brève dans le Canard Enchaîné intitulée « Très chers ‘Followers' ». On apprend donc dans ce papier que le président (divers-droite) du département aurait, le 25 avril dernier, fait valider par le Conseil départemental les dépenses engagées. Et parmi, elles, relate le Canard, « deux qui attirent particulièrement l’attention. Il s’agit d’opérations ‘d’acquisition de followers sur Twitter’ autrement dit d’achats d’amis bidons sur le réseau par l’intermédiaire d’entreprises spécialisées ». Le tout pour la rondelette somme de 14 999 euros.
L’information est aussitôt relayée sur le site contribuables.org puis sur les réseaux sociaux justement, le plus souvent par des citoyens mécontents qui s’interrogent de manière plus ou moins polie, sur l’opportunité d’un tel achat en ces temps de disette budgétaire :
En Haute-Savoie le conseil général achète des followers, très belle pratique #socialmedia pic.twitter.com/aYKKQPtZha
— Mr mécénat (@Mr_mecenat) 18 mai 2016
la région Haute Savoie a dépensé 15000€ pour avoir + de followers, c’est un peu les impôts de mes parents que t’as dépensé là nan
— Emma (@Emmattr) 22 mai 2016
La machine s’emballe
Bref la machine s’emballe. Et la presse nationale, à l’instar de Rue89, s’engouffre dans la brèche en décortiquant les followers du département qui réservent « son lot de surprise ». « Des comptes comme MacGabor,burnburnburnMC ou Sidax38 présentent toutes les caractéristiques de ceux revendus sur les sites spécialisés : aucun tweet, pas de follower, aucune info » assène Rue89.
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Et dans ce brouhaha médiatique, la collectivité semble avoir bien du mal à faire émerger ses explications. A savoir qu’elle n’a pas acheté des followers, mais des espaces de publicité dans le but effectivement, d’accroître son audience sur Twitter.
Le département compare même cet investissement avec celui qu’elle aurait pu faire dans la presse quotidienne régionale, et qui se serait sans doute révélé plus onéreux.
Achat de followers pour 15000€? Réponse du département de Haute-Savoie : il s’agit d’achat d’espaces pub sur Twitter pic.twitter.com/fEC9LuGXEO — Vincent Glad (@vincentglad) 18 mai 2016
Mais l’incendie tout juste maîtrisé, c’est cette fois-ci du côté de Facebook, que les braises rougissent de nouveau… une dizaine de jours plus tard à peine.
La collectivité est de nouveau accusée d’avoir dépensé près de 15 000 euros pour acquérir cette fois-ci des fans pour gonfler sa page Facebook.
L’effet est pour le moins désastreux, même si le conseil départemental plaide de nouveau l’achat d’espaces publicitaires.
Une défense accréditée par un spécialiste de la e-réputation interrogé par France 3 Alpes.
On apprend ainsi : « qu’il faut faire attention avec ce terme acquisition, c’est un terme que l’on utilise beaucoup dans les campagnes de communication. Cela ne veut pas forcément dire transaction financière. Une campagne d’acquisition cela peut être un plan stratégique dont le but final sera d’accroître l’audience ».
Et si la Haute-Savoie s’est ici pris les pieds dans le tapis de sa communication sur le Web, il n’empêche que le département reste un « pionnier », arrivé en tête du classement annuel sur Facebook, grâce notamment à un vrai investissement de ses équipes sur la Toile.
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