[CA de l’Artois, Pas-de-Calais, 65 communes, 225 560 hab.] « Nous ne voulions pas de tirage au sort pour constituer les conseils citoyens, afin d’éviter que les habitants ne subissent la situation. Et nous sentions aussi un essoufflement, un manque de renouvellement des équipes », explique Sarah Thedrez, chargée de mission « politique de la ville » à la communauté d’agglomération Artois comm.
Elle avait aussi remarqué que lorsqu’un jeune proposait un projet dans le cadre des fonds de participation des habitants (FPH), mis en place depuis une dizaine d’années avec l’aide de la région, celui-ci était bien souvent refusé.
Plusieurs ateliers
Eprouvant la nécessité de faire appel à une aide extérieure pour constituer les conseils citoyens, Artois comm. a donc prévu, au sein du marché d’animation du contrat de ville qui avait été confié à Sofred consultants, un lot « méthodologie innovante de concertation et de participation » attribué au cabinet Muse D. Territoires.
Mais Artois comm. n’avait pas le budget pour le faire travailler sur la constitution des quinze conseils citoyens dans chacun des quartiers « politique de la ville » de son territoire, et le cabinet a donc été missionné pour travailler sur un conseil pilote dans le quartier de Terre-Noeve, à Nœux-les-Mines.
Les équipes ont commencé par faire des micros-trottoirs dans le quartier, en utilisant un portable et une perche à selfie. Cela a été l’occasion de faire des petites vidéos sur les habitants et de leur distribuer des bulletins de participation au tirage au sort du conseil citoyen. « Ce micro-trottoir était un prétexte pour les faire venir à la réunion publique, et la vidéo une bonne méthode de mobilisation », explique Sarah Thedrez.
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Les vidéos ont été utilisées en février 2015, au cours d’une réunion publique pendant laquelle les habitants se sont vu proposer plusieurs ateliers. L’atelier de cartographie, avec une représentation du quartier au sol, leur a permis de se positionner en visualisant les différents quartiers « vécus ».
Un quiz sur la ville et un dernier atelier pour détecter les projets de transformation imaginés par les habitants étaient aussi au programme. 30 personnes étaient présentes pour un quartier de 1 750 personnes : « C’était beaucoup pour une réunion tenue pendant les vacances de février », ajoute la chargée de mission. Une seconde réunion a été dédiée au tirage au sort.
Déclinaison de la méthode
Artois comm. a opté pour des conseils citoyens de dix membres (pour les quartiers de 1 000 habitants), de 16 membres (pour ceux de 2 000) et de 20 membres (pour ceux de 3 000) avec, à chaque fois, 60 % de représentants des habitants et 40 % pour les associations et les acteurs locaux.
L’équipe « politique de la ville » a aidé les communes volontaires à décliner la méthode, c’est-à-dire à faire du porte-à-porte dans chaque quartier, mais sans micro-trottoir car la logistique était trop lourde pour les techniciens. Elle participait ensuite à la réunion publique de mobilisation qui s’appuyait sur les mêmes ateliers qu’à Nœux-les-Mines.
Artois comm. a également obtenu une aide de l’Etat pour former les conseillers citoyens et les référents communaux à travers deux cursus d’une durée de 9 heures et de 12 heures : 80 à 90 personnes en ont profité entre novembre 2015 et janvier 2016.
« Cela prend du temps, mais c’est efficace »
Sarah Thedrez, chargée de mission « politique de la ville »
Nous avons fourni aux référents communaux une boîte à outils avec un flyer adaptable et le guide pratique conçu par Muse D. Territoires. Nous leur avons conseillé d’organiser le porte-à-porte en trois semaines, en présence, à chaque fois, d’un technicien et d’un élu. Ils l’ont fait sur la base du volontariat, entre 17 heures et 20 heures.
Cela prend du temps, mais c’est efficace, car cela donne envie de venir à des gens qui ne font pas confiance à la politique. Grâce au premier atelier de cartographie, le climat de la réunion publique était détendu. Pendant le pot de l’amitié, nous faisons la synthèse des projets proposés, puis le maire les présente en identifiant ceux qui ont le plus de chance de se concrétiser car ils relèvent du cadre de vie.
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