Synonyme de réduction, la première ramène à « l’action de ramener à l’unité la plus petite, la moins complexe, la plus simple ». La seconde enlève « de la complexité » et réduit « les difficultés en donnant plus de cohérence à un ensemble », quand la troisième schématise pour « ne prendre en compte que les éléments essentiels ». Pas de simplification sans complexification.
Comme une simple recette universelle qui débarrasserait le monde de sa complexité, la boulimie simplificatrice contemporaine oscille entre le simplisme, qui consiste à croire, ou à faire croire, qu’il suffit de simplifier pour résoudre les difficultés, et la simplicité, qui ferait atteindre un état quasi-mystique de détachement, de pureté ou d’ingénuité, mais, prévient Gaston Bachelard, qui « n’a aucune racine dans le réel ». Le philosophe réfute « l’idée simple » parce qu’elle « doit être insérée, pour être comprise, dans un système complexe de pensées et d’expériences ». Comme les lois, normes et règlements formant système trouvent leurs justifications dans des raisons multiples, des choix et des contraintes. « Simplifier, c’est sacrifier », poursuit-il.
Le « paradigme de simplification » d’Edgard Morin s’oppose à sa « pensée complexe » : « quand je parle de complexité, je me réfère au sens latin élémentaire du mot complexus, ce qui est tissé ensemble ». La simplification ne se définit et ne s’opère que dans un champ complet qui prend en compte l’auteur de l’action, son destinataire, le contexte dans lequel elle intervient et son objectif. Ainsi, plus qu’un remède politique, la simplification des règles et des prescriptions ne peut-elle se considérer qu’à l’aune d’un système, l’ensemble des fils tissés de la réalité économique, juridique et de la cohésion sociale.
Thèmes abordés