C’est une continuité en forme de révolution. Engagées depuis des années dans l’ouverture de données économiques, financières et sociales avec son site diagnostic-socio-eco.com – disponible sur le site du Club Finances – les Caisses d’épargne ouvrent la voie de la cartographie et du benchmark financier des territoires avec leur nouveau portail developpement-et-collectivités.com. Lancé aujourd’hui – mais déjà présent sur le site de l’Assemblée des communautés de France (ADCF) et bientôt sur le site du Club Finances – cet outil permet « de mieux anticiper les évolutions budgétaires des collectivités », explique Jean-Sylvain Ruggiu, directeur du secteur public pour le réseau des Caisses d’épargne-BPCE.
Une série d’indicateurs pour établir simulations et comparaisons
Concrètement, une sélection d’indicateurs comme le niveau d’épargne ou la population, mais aussi la fiscalité, le montant des dotations, l’endettement, l’investissement permet à une collectivité de faire des simulations prospectives de ses budgets pour tester sa solidité financière : « Pour 90 % des communes en France, qui n’ont pas accès à des experts, ces outils représentent une aide précieuse », souligne Jean-Sylvain Ruggiu. « Le portail permet de voir plus clair sur sa capacité d’investir et d’objectiver une situation financière », poursuit-il.
La cartographie vient au secours des collectivités « qui ont du mal à se repérer dans le mille-feuille constitué par la superposition des communes et des intercos, des centres villes et des petits bourgs où il existe d’énormes disparités de portage de l’investissement, d’autant que la loi NOTRe change tout » complète Edouard Noël, responsable de l’animation marché secteur public des Caisses d’épargne.
La dimension intercommunale mise en avant
Cette nouvelle fonctionnalité donne d’un coup d’œil des mesures précises de la dimension intercommunale d’un territoire. Le décideur local a ainsi accès aux informations consolidées de chaque commune comme la démographie, la fiscalité, les recettes, les encours ou encore le revenu moyen par habitant. « Il dispose également d’une visibilité sur les comptes de ses pairs, lui permettant de s’évaluer au sein de son bloc communal », ajoute Jean-Sylvain Ruggiu.
La partie cartographie et celle contenant les données confidentielles sont les seules du portail à être sécurisées. Les communes de moins de 3 500 habitants disposent d’une seule clé d’identification, les communes plus importantes ont un accès élargi à quatre responsables.
Les services de simulation et les cartes seront enfin bientôt accessibles via une fenêtre aux abonnés du Club finances, dont BPCE est partenaire.
Jean-Sylvain Ruggiu : « les besoins en investissement sont toujours là ! »
Avec toutes les données financières dont dispose la Caisse d’Epargne, son avis sur la situation financière des collectivités est forcément précieux. Or pour le responsable du secteur public local, « on n’assiste pas à une fragilisation » du secteur. « Les chiffres sont plutôt bons autant en épargne qu’en capacité de financement », constate Jean-Sylvain Ruggiu. « La baisse des dotations va durer, elle affecte l’épargne et oblige à revoir les programmes d’investissement. En conséquence, elle a paralysé les élus dans une attitude d’inquiétude, mais il y a des signes de réassurances et les agrégats se restaurent, il n’y a donc pas, du point de vue du banquier, de dégradation dans la relation des collectivités avec leur banquier », analyse Jean-sylvain Ruggiu.
Pour lui, « les besoins en investissement public sont toujours là, notamment dans le très haut débit, les réseaux d’eau, l’assainissement ou le transport ». Le prêteur anticipe même un effet positif à moyen et long terme de la loi NOTRe : « elle va permettre aux intercommunalités et aux collectivités fusionnées de se consolider et de devenir plus opérationnelles, de se donner plus de moyens et de capacité à investir dans des projets structurants », pronostique-t-il.
La transition ne se fera pas sans difficulté, notamment concernant le transfert des compétences et leurs conséquences RH, mais BPCE assure être « dimensionnée » pour traiter l’afflux des transferts de prêt « qui n’a pas encore eu lieu ». Elle s’engage aussi à accorder des « facilités de gestion » aux nouvelles collectivités issues des fusions afin de préserver la chaîne de paiement.
Au vu de ces anticipations, la BPCE reconduit donc ses objectifs 2015 pour cette année, soit environ « 4 milliards d’euros d’offres de prêts pour 3 milliards d’euros de lignes de trésorerie ».
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