Matignon l’avait fait savoir à l’avance, il ne s’agissait pas aujourd’hui de faire des annonces concrètes sur le plan de formation de 500 000 chômeurs annoncé par François Hollande à l’occasion de ses vœux, mais de « mettre en place une méthode de travail et un calendrier » – et surtout de marquer l’avènement d’une « nouvelle donne territoriale », avec la naissance de grandes régions aux compétences renforcées, notamment en termes d’emploi et d’aides aux entreprises (et accessoirement la fin de l’hégémonie socialiste à la tête des régions).
Rien n’a donc filtré de précis du séminaire de travail qui réunissait, mardi 2 février à Matignon, le chef du gouvernement, plusieurs ministres et les dix-huit présidents des nouvelles régions (Outre-mer compris), qui ont ensuite déjeuné à l’Elysée avec le président de la République.
Il faudra attendre un peu : Manuel Valls a annoncé, à la sortie de la rencontre, qu’un « document précis », établi « sur la base des propositions des régions » en matière de coordination de politique de l’emploi, de la formation professionnelle et de l’apprentissage, serait élaboré dans la quinzaine à venir.
Une réunion entre les présidents de régions, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, Pôle Emploi et les partenaires sociaux, permettra le 18 février de rentrer dans le vif du sujet et notamment de la coordination des politiques publiques de retour à l’emploi.
D’ici le mois de mars, État et régions devraient avoir fixé une « plateforme commune », a précisé Philippe Richert, le nouveau président de l’Association des régions de France, élu le 26 janvier dernier. Il devrait alors y avoir des réponses sur la délégation aux régions de l’accompagnement des pôles de compétitivité, ou du sort des crédits non affectés à l’apprentissage.
Droit à l’expérimentation
Le gouvernement affiche une ouverture maximale, sans qu’on sache pour l’instant ce qu’elle recouvre, au-delà des mots. « Il faut que l’État fasse pleinement confiance aux régions », a affirmé Manuel Valls, « à la proximité, au terrain, à ceux et à celles qui connaissent parfaitement le monde économique, les entreprises, les PME, les TPE, les start-up ».
Le chef du gouvernement a confirmé que l’État souhaitait laisser la possibilité aux régions « d’expérimenter » en termes de politiques de retour à l’emploi. Sans préciser si cela concernait la potentielle territorialisation de Pôle emploi, c’est-à-dire le transfert aux régions volontaires du suivi des demandeurs d’emploi – un débat ouvert lors de la loi Notre, mais non réglé, devant l’hostilité des syndicats.
« Aucun président de région n’a demandé le transfert de Pôle Emploi, des conseillers et du personnel, aux conseils régionaux », a temporisé Philippe Richert, pourtant démenti le matin même par Christian Estrosi, qui annonçait sur France Bleu Azur son intention de demander le transfert intégral du service public au conseil régional, y compris « la gestion, le paiement des indemnités pour pouvoir piloter, avec la formation, tous les organismes de gestion de l’emploi de A à Z ».
« Aucune proposition ne doit rester sans réponse », s’est-on contenté de répondre énigmatiquement à Matignon.
Nouvelle donne régionale
Il s’agissait aussi aujourd’hui, pour les participants au séminaire, de tâter le terrain et d’établir les contours de cette « nouvelle donne » saluée par Manuel Valls : les régions n’ont jamais eu autant de pouvoir, mais elles ne parlent plus d’une voix aussi unie qu’avant les élections – Philippe Richert était alors le seul président de région de droite.
Les rencontres avec les présidents de régions semblent ainsi avoir vocation à plus de « régularité », sans qu’on n’en sache plus pour l’instant. Aujourd’hui, le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, s’est abstenu. Idem pour Laurent Wauquiez (Auvergne-Rhône-Alpes), qui a dénoncé une « opération de communication », mais a toutefois envoyé son vice-président pour le représenter.
Il reste, en tout cas, beaucoup de sujets sur la table : les autres questions brûlantes qui devaient être abordées, notamment la question de nouvelles ressources fiscales réclamées par les régions, ou de la clause de revoyure des contrats de plan État-régions, ont été reportées à des discussions ultérieures.
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