Oui, à plus de 80 %, les territoriaux restent fiers d’exercer leur métier. Oui, près de huit sur dix estiment toujours rendre un service de qualité, et un exécutant sur trois en est même persuadé. Mais l’avenir leur semble bien noir. Anxiogènes, les restructurations territoriales et réorganisations à venir (¼ des communes et intercommunalités comptent réduire leurs effectifs en 2015 selon le dernier baromètre RH Randstad) pèsent sur des perspectives auxquelles 82 % ne croient pas et 44 % plus du tout au sein de leur collectivité, les plus de 40 ans et les agents d’exécution s’avérant les plus inquiets, les cadres intermédiaires les plus désillusionnés (- 13 points par rapport à 2014).
Alors, aller voir ailleurs ? L’alternative laisse sept territoriaux sur dix d’autant plus dubitatifs qu’ébranlée par certaines déclarations récentes, la confiance dans l’évolution du statut de la FPT, voire du service public en général, s’effondre respectivement de 15 et 21 points en un an ! Et c’est évidemment au sein des régions et intercos que l’espoir se fait le plus ténu, avec des taux de quatre à cinq points supérieurs chaque fois à la moyenne générale.
Pression hiérarchique vécue comme « excessive »
Enfin, cerise amère sur un gâteau déjà fort indigeste, la reconnaissance sociale liée au métier pêche elle-même désormais pour un sur deux. Pas étonnant dès lors si un quart des agents accuse une fatigue nerveuse que vient sans doute encore majorer une pression hiérarchique vécue comme « excessive » par 57 % des collaborateurs.
Résultat : un stress qui, pour affecter encore une minorité (45 %), marque néanmoins une inquiétante croissance, notamment chez les cadres A (+ 15 points). Doit-on y voir la raison majeure de ces arrêts ayant affecté un quart des répondants au cours des douze derniers mois, ceux de plus d’un mois augmentant même de 11 points pour 35 % des concernés ??
Combien de temps peut-on travailler sans ne plus y croire ?
LA REPONSE DE Stéphanie FELICULIS, psychologue clinicienne, coach spécialisée en organisation
Travailler sans visibilité, voire avec le sentiment d’aller à sa perte, tient du naufrage. Sans avenir, quel intérêt à s’engager, mais sans s’engager, comment ne pas sombrer dans la mélancolie ? Même moroses aussi, aux managers donc d’être vigilants aux signes avant-coureurs, individuels et collectifs, d’un état pré-dépressif . Et ce en parlant « plus fort » que les détracteurs, en évoquant une mutation nécessaire plutôt qu’une crise inéluctable et enfin, en acceptant – y compris pour eux – que le premier modérateur de glissement soit un réinvestissement des valeurs « perso ». Plus que jamais, il leur revient ainsi de porter une mutation de l’engagement et de l’organisation vers la qualité de vie au travail. Et si cette crise était – in fine – salvatrice ?!
Traitement des données du questionnaire : Nadia Patel
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Enquête bien-être au travail 2015 : dans les collectivités locales, rien ne va plus !
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