S’il y a souvent été question du RSA ces dernières semaines, c’est avant tout en raison des problèmes de financement de l’allocation. Alors qu’au congrès de l’Assemblée des départements de France, on discutait de la pérennité financière du dispositif, le volet inclusion était au coeur d’un atelier de la semaine de l’Innovation publique : “Repenser les politiques départementales du RSA : innovations et passages à l’échelle”, organisé le 15 octobre à Paris. Initié par le SGMAP, cette seconde édition de la semaine de l’innovation publique se veut une démonstration de la capacité des administrations à se moderniser, au travers d’événements dans toute la France.
Lors de cet atelier sur le RSA, les agents de deux département – le Val-d’Oise et la Seine-Maritime – y ont présenté les politiques innovantes qu’ils cherchent à mettre en place pour mieux accompagner les bénéficiaires de cette aide sociale.
Point commun des deux démarches : les services insertion des deux conseils départementaux se sont appuyés sur des designers et des cabinets de conseil pour trouver une solution à leurs problématiques spécifiques adaptée au territoire.
Simplifier les démarches des agents
Dans le Val-d’Oise, la volonté est d’améliorer l’efficacité du dispositif, comment faire mieux, et potentiellement moins cher, résume la responsable du cabinet de conseil CMI. Cela passe par une fluidification du système pour que les dossiers fassent le moins d’allers-retours possible, et donc mobilisent les équipes au minimum.
Dans ce cadre le conseillers de CMI et les designers de l’innovation publique de Plausible possible ont passé six mois dans le département, “en immersion”. Ils ont rencontré tous les acteurs qui reçoivent des dossiers RSA pour connaître et tenter d’harmoniser les pratiques concernant le processus d’accueil des bénéficiaires, l’entrée dans le dispositif très hétérogène d’un territoire à l’autre (CAF, CCAS…), etc.
De ce travail sont sorties 27 propositions ramenées à cinq après deux journées de séminaires en présence d’agents, qui devraient être expérimentées prochainement. “Cette démarche est moins anxiogène pour les agents que le benchmarking classique car ils sont dans la réflexion et ont moins l’impression que l’évolution se fait sans eux”, indique la chef du service Insertion du 95. De plus, tant que l’expérimentation ne sera pas menée, aucun changement organisationnelle n’est prévu dans les services.”On se doute qu’il y aura des modifications de fiche de poste mais on se laisse le temps d’expérimenter. Tout n’est pas focalisé sur ces modifications, c’est un moyen seulement si nécessaire. Il n’y a pas besoin de bousculer les personnes pour rien”, détaille Serge Dobel.
Renouer le lien avec les laissés-pour-compte
En Seine-Maritime, la problématique de départ était différente : le but était ici de réintégrer dans le système d’accompagnement les personnes qui restent sur le côté, de trouver comment les rendre plus actives. Pendant six mois – et non pas un comme prévu initialement – une sociologue et l’agence de design Talking things ont interviewé une trentaine de personnes, usagers et professionnels, pour comprendre d’un côté ce qu’est exactement le parcours du bénéficiaire, et d’autre part comment travaillent les agents. “On a découvert des personnes totalement démunies qui travaillent sur un répertoire papier plus du tout à jour”, explique Xavier Figuerola, de Talking things.
Des obstacles dans le parcours des allocataires qui les mettent en difficulté ont également été mises à jour. L’exemple a été donné d’un bénéficiaire, qui n’était pas prévenu que son allocation allait changer avec les 3 ans de son enfant. Ses revenus diminuent sans qu’il l’ait prévu, il se retrouve donc à découvert et ne peut payer son loyer. Au final, il a fallu trois semaines aux services du département pour régulariser une situation qui aurait pu être évitée. “Tous les efforts non faits pour informer, c’est autant de temps perdu ensuite pour rattraper la situation”, a résumé Xavier Figuerola.
Ces deux initiatives présentent la même volonté d’autonomiser davantage les personnes aidées. Mais sans froisser les travailleurs sociaux : “Vouloir aller vers plus d’autonomie c’est dire aux agents qu’ils couvent trop les bénéficiaires… Ce n’est pas toujours facile à entendre”, conclut une responsable du département.
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