De tout temps, l’homme a dompté la rivière, aménagé ses rives et érigé des digues pour se protéger des inondations. Mais emprisonner les rivières dans des digues trop étroites a des effets pervers : si les eaux ne peuvent plus s’épandre naturellement, elles débordent plus vite et plus fort à l’aval, et peuvent tuer.
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On peut contribuer à la sécurité des populations tout en leur redonnant un fonctionnement plus naturel. Tel est l’enjeu de la gestion des rivières avec la nouvelle compétence « gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations » (Gemapi). Des exemples montrent qu’une autre gestion est possible, autour de trois idées clés :
- laisser plus d’espace à la rivière,
- ralentir les écoulements des eaux
- et gérer l’eau globalement par bassin versant.
En cas de crue, le confinement des rivières accélère les débits et empêche les eaux de s’épandre dans le lit majeur. La nouvelle gestion des rivières consiste à reculer les digues, quand cela est possible, afin de réduire la vitesse de l’eau et limiter les coûts d’entretien.
A Taninges (Haute-Savoie), la réfection de la digue des Thézières avait été estimée à 3 millions d’euros ; pour 1,2 million, la digue a été reculée avec une efficacité démontrée lors des crues de ce printemps.
Laisser plus d’espace à la rivière
Laisser plus d’espace à la rivière, c’est préserver des champs d’expansion de crue dans des secteurs non urbanisés, en collaboration avec les agriculteurs. On peut, en outre, freiner l’eau de la rivière en recréant des méandres, en lui laissant ses graviers pour dissiper son énergie.
Depuis la « renaturation » du Vistre, dans le Gard, les riverains constatent le ralentissement des écoulements sous l’effet conjugué du « reméandrage », du reboisement des berges et de la restauration de zones humides.
Rappelons une évidence, une crue ne s’arrête pas aux frontières d’une commune. La seule unité de gestion possible pour un cours d’eau, c’est le bassin versant. Des communes et intercos délèguent donc avec succès ces missions à des syndicats, les futurs établissements publics d’aménagement et de gestion des eaux.
L’agence de l’eau lance un appel à projets de 25 millions d’euros pour financer les opérations exemplaires de gestion des milieux aquatiques qui concourent à la prévention des inondations.
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