Face à un gouvernement sur lequel elle a perdu prise, l’Association des maires de France (AMF) voit rouge. Après la journée de mobilisation du 19 septembre, elle ne cesse de dénoncer « la baisse insoutenable » des dotations de l’Etat aux collectivités. Plus que jamais, elle s’en prend « au transfert de l’impopularité fiscale » du pouvoir central vers les élus locaux.
Au surlendemain d’une conférence de presse sur l’allègement des normes du secrétaire d’Etat à la réforme territoriale, André Vallini, l’AMF sort à nouveau du bois. Dans un communiqué furibond publié le 9 octobre 2015, elle pointe des « données chiffrées largement sous-estimées en dépenses et surestimées en recettes potentielles ».
Et l’AMF de citer un exemple récent : « Les projets de décret fixant le périmètre et le siège des établissements publics territoriaux composant la métropole du Grand Paris indiquent que cette réforme n’a pas d’incidence financière directe ni indirecte ! ».
En bonne place aussi dans son cahier de doléances : le protocole PPCR de revalorisation des rémunérations des agents territoriaux. La note sera salée, pour les collectivités, prévient l’AMF : 1,5 milliards d’euros.
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La tentation du boycott
Le Gouvernement n’entend pas laisser ces outrages impunis. Lors de la convention de l’Assemblée des communautés de France (ADCF), le 8 octobre à Tours, le secrétaire d’Etat au Budget a dénoncé « un discours d’un alarmisme extraordinaire ».
« On joue à se faire peur, a poursuivi Christian Eckert, visant l’AMF sans la citer expressément. On nous dit même qu’avec la baisse des dotations, nous n’aurons plus demain, d’eau pour prendre notre douche. »
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Un peu plus tôt, dans la journée, la ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu s’était montrée plus explicite. Elle avait invité les adhérents de l’ADCF à donner de la voix lors du prochain congrès des maires : « Mettez-vous au premier rang, car sur l’intercommunalité, cela va être difficile. »
Boutade ou conseil ? Sans doute les deux à la fois. Car, selon un écho de L’Express du 7 octobre, il n’est pas dit que les ministres puissent promouvoir la ligne gouvernementale lors du prochain congrès des maires. Certains dirigeants de l’AMF ne voudraient pas les convier du tout. Ce serait une première.
Une information que dément le secrétaire général de l’Association des maires de France, Philippe Laurent (UDI) : « Il n’a jamais été question, dans les instances dirigeantes de l’AMF, de ne pas inviter les membres de l’exécutif national. Au contraire, nous avons décidé d’une invitation solennelle du Président de la République, du Premier ministre et des ministres. »
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