« Il est important de poser les questions, de rappeler les principes fondamentaux, sans parti pris, ni précipitation, pour nous permettre d’installer le débat dans un contexte national où les municipalités sont de plus en incitées à s’équiper de caméras », a annoncé en préambule Pierre Cohen, maire de Toulouse.
La municipalité toulousaine s’est depuis deux ans installée dans un rôle de laboratoire de la prévention, avec la mise en place d’un office de la tranquillité, et d’une police municipale de proximité dans les quartiers. Héritage du précédent mandat, le centre- ville toulousain est équipé depuis 2007 d’une vingtaine de caméras vidéo, reliée à un centre de supervision confié à la police municipale.
Pour passer au crible la question de la vidéosurveillance dans des lieux publics, la ville de Toulouse a fait le choix d’écouter la parole des experts, de manière exhaustive. Tous les aspects techniques, juridiques, sociologiques, ou éthiques ont ainsi été passés en revue à l’occasion d’interventions inégales et contrastées.
« Fiable et coûteuse »
Jean-Louis Blanchou, directeur de la sûreté de la plateforme aéroportuaire de Paris , et nouveau président du jeune comité de pilotage stratégique de la vidéosurveillance auprès du Premier Ministre – en remplacement de Philippe Melchior, inspecteur général de l’administration parti à la retraite – a présenté la position officielle mais nuancée d’une technologie «fiable et coûteuse».
A l’opposé Michel Marcus, délégué général du forum européen de la sécurité urbaine, et Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS, ont opposé de manière très argumentée, les risques éthiques et juridiques et les limites techniques d’un outil qui ne peut remplacer la présence humaine.
Le retour d’expériences, sans doute les plus riches d’enseignements de cette journée, de Bordeaux, Mannheim en Allemagne, Londres ou la région italienne d’Emilie-Romagne, a été l’occasion pour les 17 élus toulousains de poser, sans complexe des questions nourries et parfois dérangeantes.
Caractère «liberticide» de la vidéosurveillance
Bémol de la journée, l’intervention d’Alex Turk, président de la CNIL, a été limitée à une courte vidéo pré-enregistrée, où il était rappelé le rôle de contrôle que pourrait jouer la CNIL.
Michel Tubiana , président d’honneur de la Ligue des Droits de l’Homme a clôturé la journée en rappelant au cours d’un brillant réquisitoire, le caractère «liberticide» de la vidéosurveillance, dont le déploiement depuis plusieurs années, ne justifie pas de se passer d’un véritable débat national et démocratique sur sa légitimité.
Prochaine étape, le CLSPD
Intégralement diffusée sur la chaîne locale TéléToulouse , cette journée des experts a également été ouverte à la presse et à des personnalités qualifiées, limités à un rôle de spectateurs. «Le débat peut maintenant commencer», a conclu Pierre Cohen , souhaitant «une appropriation collective du sujet par l’ensemble des toulousains».
Prochaine étape, le Conseil local de la sécurité et de la prévention de la délinquance (CLSPD) de Toulouse se réunira en septembre pour reprendre les grandes lignes de l’expertise du 24 juin 2010.
Références
Vidéosurveillance et sécurité urbaine : la situation à Londre
Vidéosurveillance : l'expérience Italienne
Audition de Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS
Préfecture de police de Mannheim ( Allemagne)
Thèmes abordés